« Conférence de presse de fin de mois » : « questions pour un champion »(de la démocratie)
Sa Majesté est décidemment ce que l’on pourrait appeler un homme proche du peuple, et qui connaît son sujet. C’est normal, pour un empereur, dira-t-on.
Régulièrement, il cherche comment innover dans l’art d’apparaître en public. Grand pédagogue, il vient régulièrement « expliquer sa politique » au parlement. Adorant les jeux de questions-réponses, il a tenu à inaugurer ce qu’il qualifie de « toute nouvelle et obligatoire conférence de presse de l’empereur de fin de mois. ». Quelque chose d’ « unique en son genre », à l’instar de Sa Majesté. Mais là où la comparaison cesse avec notre souverain, c’est que ces conférences de fin de mois deviendront « monnaie courante » à chaque fin de mois.
Là encore, bien que tous les grands médias étaient présents, seuls « Le Globe » et l’ « Impertinent » se prêtèrent au jeu. Les questions portèrent essentiellement sur le « domaine réservé » de Sa Majesté, notamment sur l’évolution des rapports avec le Silverland, dont le nouveau gouvernement Ford n’est pas ce que l’on pourrait qualifier de « pro-Belondor » :
« Le Silverland s'était engagé dans la voie de la démocratie. Désormais il va de nouveau subir une dictature communiste. Le Silverland était notre allié, il ne l'est plus… » déplore Sa Majesté, qui prédit une mise au ban de la communauté internationale du Silverland.
Mais ce revirement « communiste » du Silverland, comme le qualifie Sa Majesté, sert au moins à quelque chose : notre empereur se voit d’autant plus conforté dans ce qu’il considère comme une mission, un « appel », de diffuser l’idéal démocratique au sein du micromonde.
« ….dans les Etats autoritaires(sic), nous continuerons à soutenir les partisans de la démocratie…. » Au Silverland, l’empereur déclare au nom du Belondor soutenir le PUC(parti de droite libéral-progressiste ou « conservateur »), « qui défend encore la démocratie de toutes (ses) forces et de tous les moyens en notre possession ».
« Tous les moyens » ? Est-ce à dire que le Belondor serait prêt à « faire la guerre pour imposer la démocratie là où (il juge) qu'elle n'est pas présente», comme l’a demandé votre journaliste préférée à notre empereur ?
« Nous n'avons aucune intention pour l'instant de préparer une nouvelle guerre », rassure Sa Majesté. « Nous préférons soutenir financièrement les partis démocratiques des pays autoritaires en cause. Et nous ferons tout ce qui est possible pour sensibiliser la communauté internationale à cet endroit. Mais la guerre est parfois inévitable et si nous devons la faire, nous la ferons. »
Cette option pourrait néanmoins stimuler l'industrie d’armement qui s'enorgueillit d'avoir à sa tête un des pontes en fuite d'un Etat « communiste », qui pourrait mieux faire...
Mais ce que Sa Majesté n’a pas précisé, c’est si une auto-guerre est possible dans ce cas ? » En clair, l’empereur serait-il prêt a faire bombarder son propre pays pour que celui-ci soit réellement « démocratique » ? Car, en effet, qu’est-ce donc qu’une nation et un parti « non démocratiques » ? Sur quels critères juge-t-on cela ? On sait par exemple que le Belondor et Lenasia ont leur propre opinion à ce sujet….
« Un parti démocratique est un parti qui prône des valeurs démocratiques(sic), humaines, libérales - au sens politique et sociétal du terme », explique notre expert en la matière. « Une nation démocratique est une nation où les citoyens peuvent s'exprimer en toute liberté, où le droit de vote est universel, où la liberté politique existe, où la souveraineté nationale est issue du peuple(sic), où la presse n'est pas censurée, où la société n'est pas communisée - puisque le communisme brime la propriété privée et donc les libertés -. En un mot, où les libertés fondamentales sont respectées ! Or, trop de nations ne respectent pas ces libertés fondamentales et le Belondor veut faire en sorte que celles-ci soient respectées dans le Micromonde ».
Ces nations « si nombreuses », véritables « vilains petits canards », membres d’une sorte d’ « axe du mal », où les libertés fondamentales sont bafouées, sont pointées du doigt et nommées par Sa Majesté : le Silverland – « qui est même en régression puisque avant le retour de Ford, c'était devenu une démocratie » -, Avaricum « évidemment », mais aussi la Russlavie – « où les droits du peuple sont en permanence bafoués » -. De même, le Zollernberg, le Locquetas, et « les nombreuses nations théocratiques » telles que la Turcosie, le Mnibet « et tant d'autres ne sont pas des nations démocratiques ». Sa Majesté juge « inacceptable au XXVIIIème siècle » toutes ces nations qui « ne respectent pas les libertés fondamentales ».
Tant d’indignation nous ferait presque oublier que notre champion de la démocratie juge que la question de la transparence quant à la provenance du financement de partis étrangers est un détail…. « Les citoyens se fichent de savoir d'où ils proviennent et comment nous aidons les fervents partisans de la démocratie à travers le Micromonde tant que nous combattons, justement, pour la démocratie et la liberté... » dit-il.
Mais il est vrai que les questions d’argent(trop vulgaire sans doute-comme s’il pouvait y avoir de l’ « argent sale »…tout le monde sait qu’il n’a pas d’odeur…)fâchent toujours : Sa Majesté a du se faire prier pour éclaircir la question de la provenance des financements des partis étrangers « pro-Belondor » : « je vous dirai tout simplement qu'il y a un Consulat des Affaires Etrangères qui possèdent un budget ». Voilà. On n’en saura pas plus.
Mais de telles questions bassement matérielles ne sauraient entamer la bonne humeur de Sa Majesté qui reste optimiste quant à la situation internationale actuelle.
« J'ai une réelle vision de notre politique étrangère à mener », dit notre grand timonier diplomatique. « Actuellement, il y a quelques succès. Nous avons intégré la Conférence des Nations en tant que Nation Associé ; j'ai abrogé le Traité de l'Aquilla avec la bienveillance de la communauté internationale et je compte bien tout faire pour que notre dernier allié reste indépendant. ». Sa Majesté espère rapprocher le Belondor(actuellement seulement « état associé », c'est-à-dire sans réel moyen d’action)des Nations Membres de la Conférence des Nations.
« Je m'appuierai sur les nations démocratiques, oui. Libertas, Prya, Ydémos, la CSH seront des appuis importants. Le Zollernberg et le Locquetas évoluent aussi vers plus de démocratie. Ce n'est pas pour me déplaire... »
Sa Majesté n’a pas encore eu l'occasion de discuter de sa vision de la démocratie avec les nations membres (de "l'archipel") « J'espère pourvoir le faire d'ici peu. »
Mais notre empereur ne reste qu’un homme, avec ses faiblesses, après tout. Il n’est pas encore omniscient ou omnipotent. Il n’a pas encore la réponse à cette question essentielle : « comment cela se fait-il que le Belondor, si ouvertement attaché à la démocratie, continue-t-il de rester "membre associé", sans réel pouvoir ? »
Il se contente de hausser les épaules et de regarder l’assistance avec son éternel sourire charmeur….
Reste à savoir si les nations de l’ « archipel » seront subjuguées par un tel sourire charmeur…auquel cas, Sa Majesté pourra continuer à hausser les épaules….
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