Depuis le 7 Nabelnine, toute la Cour de Marceinne, était en état d'alerte générale. Désormais, le temps semblait venu de passer à l'action. En effet, le Roi de Gélèbre, sur les conseils de son Premier ministre, le Duc de Bramen, avait décidé d'accélérer les préparatifs militaires enclenchés depuis que l'on avait appris que le Roi d'Eurone comptait offrir son trône à un Belondaure, n'ayant pas de successeur. Il avait donc appeler à terminer à vitesse V la mobilisation des troupes royales, mais aussi les osts féodaux à se tenir prêts aussi. Le temps d'envahir l'Eurone, d'y établir un Siekmaringen, afin d'empêcher un Temararien de monter sur le Trône, était arrivé. Mais entre la Gélèbre et l'Eurone, il y avait cette République d'Hollyade... Mais peu importait aux yeux du Roi, qui rêvait depuis toujours d'unifier la Germanie à son profit. Celle-ci serait balayée, n'ayant pas les forces nécessaires pour s'opposer à la Gélèbre. Et comment pourrait-il en être autrement alors que le Roi disposait de 400 000 hommes, plus 100 000 autres, venant des osts féodaux, entretenus par les nobles les plus puissants du Royaume ? Ainsi, en ce 14 Nabelnine, tout était presque prêt. L'invasion de l'Hollyade ne serait plus qu'une question d'heures, et c'est ce qui expliquait que presque toute la Cour avait quitté Marceinne, afin de prendre ses commandements à la frontière hollyadienne dans l'armée royale ou pour guider leurs osts jusqu'à la frontière belondaure, au cas où l'Empire survivrait et contre-attaquerait.
En effet, ce n'était pas par hasard si le Premier ministre avait informé le Roi que le moment était venu de passer au stade supérieure de l'escalade devant amener à la guerre. Le Premier ministre savait que depuis le 5 Nabelnine, Elbêröhnit était en ébullition et que la vie de l'Empereur Nabelnine Ier, le grand et terrifiant vainqueur de toutes les guerres qu'il avait mené en personne, ne voyait sa vie suspendue qu'à un fil. Cette information, c'était l'ambassadeur de Grande-Albion à Marceinne, Sir William Conmell, toujours très bien informé sur les évènements se déroulant au Belondor, bien que la Grande-Albion, y fut interdite de représentation, qui l'avait transmise aux autorités gélèbroises... leur conseillant l'action en un moment si favorable. Alors, obéissant à son maitre albionnais, qui le rétribuait bien pour sa corruption à son service, le Premier ministre avait poussé le Roi à se décider enfin à attaquer. En réalité, il n'avait pas eu lui forcer la main, le Roi attendant le bon moment depuis un certain temps.
Le Roi aussi était parti sur le front, laissant son Premier ministre aux affaires. Il avait 45 ans, se sentait encore jeune, n'était atteint d'aucune fatigue ou maladie, et souhaitait reprendre la tête de ses armées, comme lorsqu'il avait libéré la Germanie du joug belondaure, voilà deux ans. Il espérait refaire le même coup en envahissant l'Hollyade puis l'Eurone et être vu comme le Père de tous les Germains et leur souverain naturel. « Un rêve, sans aucun doute... Mais les rêves ne conduisent-ils pas les hommes », se disait-il ? Il venait de se lever, ce matin du 15 Nabelnine. Il n'était pas encore l'aurore en cette journée d'été qui s'annonçait, chaude comme les précédentes. Le camp où il était, avec 40 000 de ses hommes, situé au sud de la Gélèbre, une centaine de kilomètres au nord de la frontière belondaure, était encore endormi. On entendait seulement les toussotements des sentinelles, ou les ronflements des hommes avant le lever.
Le Roi fut vite rejoint par son aide de camp. D'un signe de la tête, il fit passer un message à celui-ci qui s'en alla réveiller les trompettes. Ceux-ci se mirent à jouer la sonnerie du réveil. Il était 5h40 du matin. Les troupes se réveillèrent alors, et s'apprêtèrent, emmenant leur paquetage et démontant leurs tentes. Après une heure, les troupes se rassemblèrent selon leurs affectations. Alors, le signal du départ vers l'est fut donné. L'invasion de l'Hollyade commençait.
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