Ludovicus de Fontenay regarda son interlocuteur puis quelques-uns des membres légitimistes présents dans la salle. Il les regarda, ceux-ci avaient l'air outré, choqué, effaré. C'est que l'on était habitué à être entre personnes de bonnes éducations, de bonnes manières. Même lorsque l'on avait des différends sur quelque question que ce soit, on le faisait d'une manière élégante et non comme un simple gueux en s'insultant et en envoyant paitre ses interlocuteurs. Cependant, il s'avança vers le Duc de Bonaparte, et lui chuchota doucement à l'oreille :
- Ce ne sont pas des manières de débattre mon Sieur... si vous avez quelques divergences avec nos collègues, dîtes-leur franchement mais calmement. Il n'est aucune besoin de se comporter ainsi.
Puis, s'exprimant plus fortement :
- Monsieur le Duc, vous savez bien que je suis de ceux qui ont toujours prôné un retour à l'absolutisme. Mais certains autour de nous veulent que la noblesse partage le pouvoir avec le Roi comme au... Moyen-Âge. Personnellement, j'y suis opposé, je n'ai pas la prétention de vouloir partager un once de pouvoir avec Sa Majesté. Mais le problème reste le même au fond. Les Belondaures réclament des institutions plus libérales, plus de libertés et de droits à l'Usurpateur ! Croyez-vous que c'est pour se retrouver sous un régime absolutiste qui leur nie ces droits après ? Personnellement, cela ne m'affecterai guère puisque je suis favorable à un régime absolutiste, et au retour à l'Ancien Régime : à chaque ordre sa place. Mais il faut être réaliste. Nous pouvons revenir à l'Ancien Régime de manière assez habile, cela est possible... mais nous ne pouvons nier tous les droits aux Belondaures et toutes libertés. Il faut au moins, et j'insiste sur ce "au moins", que les Belondaures aient l'impression, et j'insiste sur cet "impression", que leurs libertés et droits sont assurés... Et pour cela il est nécessaire que tout en remettant concrètement tous les pouvoirs tels qu'ils étaient organisés sous l'Ancien Régime, il y a une façade de libéralisme.
Le Comte termina cette phrase en souriant, il était certain d'avoir obtenu la compréhension du Duc de Bonapartade.