La question de la presse

Comme à son habitude, Antonel se prélassait dans les fauteuils du 12, Boulevard de Lhugos. Une habitude qu'il avait pris depuis plusieurs mois déjà, depuis que son Hôtel particulier ne rencontrait pas un profond succès, bien qu'il le méritait. Après sa sortie quotidienne de la Diète, il allait, machinalement sans doute, dans son "Quartier Général" politique en quelque sorte. La journée avait été particulièrement agitée, de part son discours et celui de Ségolaine. En pensant justement à cette dernière, il l'apercut entrant Boulevard Lhugos. Il l'invita alors à se joindre à lui, afin de discuter de cette journée.

"Rude journée n'est ce pas ma chère ?"

Ségolaine Royel venait en effet de prononcer un discours et son compère le Duc d'Origodes également. Elle lui répondit donc :

- Oui, en effet... il n'y a pas à douter que l'Empereur sera furieux et qu'il va tout faire pour tenter d'étouffer nos propos dans la presse...
Justement c'est sur la presse que je souhaite en venir. Vous disposez d'un journal, "Le Collecteur" : servons-nous en. Mais avec subtilité... le pouvoir on le voit avec le Code de la Presse va tout faire pour brimer la liberté d'expression, n'hésitant pas à sanctionner les journaux récalcitrants, voire à les interdire. Quel moyen avons-nous alors pour protester ou pour faire entendre une voix discordante ? Il va nous falloir être habile dans l'art de la litote et de la prétérition... tout simplement, c'est ainsi que nous contournerons les mesures gouvernementales...
Qu'en pensez-vous ?

L'accord du Duc d'Origodes dans cette entreprise était essentiel étant donné qu'il était le propriétaire du journal.

Les discussions allaient de bon train autours, et tous ces "libéraux" et membres de l'opposition ne savaient pas que l'on vivait au Belondor un moment clé pour la démocratie.

"Je suis bien évidemment d'accord pour nous servire du Collecteur pour propager nos idées. Il nous faudra éviter la censure impériale, qui malgré les confirmations de l'Empereur, éxiste. Il va nous falloit les contourner comme vous l'avez très justement dit, et nous allons devoir recruter des journalistes d'excellence, qui manie la dérision et le belondaure mieux que quiconque ! La tâche ne serai aisée, mais nous devrions pouvoir y arriver, tout en respectant le Code de la Presse. Car nulle loi n'est parfaite, et parce que nous sommes l'opposition, nous nous devons de le faire, et de réussir !"

Ségolaine Royel sourit, et nota quelques petites choses sur un carnet, avant de revenir vers le Duc d'Origodes afin de lui dire :

- Oui, en effet nous nous le devons... mais ce ne sera pas aisé. Le Bureau Impérial de la Répression Insurrectionnelle et la Police Impériale veillent au grain, il va nous falloir être sur nos gardes et en même temps très habiles, extrêmement habiles, il faut que vous en soyez conscient ?
Bien si vous êtes d'accord, nous pourrions vu notre poids politique signer et co-signer des articles... quant au reste des journalistes, avez-vous des idées sur les gens à recruter, connaissez-vous des noms ?

"En effet, nous pourrions co-signer chacun des articles, et également participer à leur rédaction. Je vais aller me renseigner de ce pas pour chercher quelques journalistes. Je vous propose de me rejoindre à l'Hôtel Montalembert d'ici peu, pour mettre au point les derniers détails. Nous y serons tranquilles, d'autant plus que je contrôle chacune des entrées, ce qui nous épargnes quelques fuites.
A bientot ma chère."

Antonel prit son manteau, son chapeau et s'en alla d'un pas rapide et déterminé vers la sortie. Il salua quelques connaissances au passage, mais sans y prêter vraiment attention. Il allait enfin mener une vraie opposition, avec Ségolaine, et l'Hôtel Montalembert allait finalement servir.