Il faut détruire le Belondor !

Alors qu'il travaillait toujours aux différentes éventualités qu'il aurait peut-être à affronter, le Grand Moff des Armées Impériales et Ministre de la Couronne, le Maréchal Archibald de La Villejégu, reçut un courrier émanant des Services Impériaux d'Espionnage et de Renseignement. Tout naturellement, il cessa de travailler ses dossier pour se mettre à la lecture de la note en question. Il s'aperçut bien vite qu'il s'agissait du rapport du Colonel Vassot, agent belondaure en Grande-Albion (sous la couverture d'être un artisan en ébénisterie). Le Maréchal, au fur et à mesure qu'il lisait se rendait compte de la haine que ces gens vouaient à sa Nation, au Belondor, et aux valeurs que représentait l'Empire. Pour sûr, voici ce que le texte disait :

Citation :: (...)

La volonté de lutte n'en persiste pas moins, bien que je constate des difficultés. J'ai vu de nombreuses manufactures sans ouvrage, des milliers de personnes travaillées par la famine et accablées d'impôts, son papier-monnaie discrédité chaque jour par la nécessité d'acheter de l'or pour subvenir aux premiers besoins et subvenir aux dépenses effectuées dans le but de nous nuire. Leur marine accapare les richesses de ce pays. Pour l'instant, ils se contentent de nous infliger un blocus continental aux effets contrastés. Très bientôt, ils feront en sorte de menacer nos rivages. J'ai vu un pays qui pour la première fois met sur pied une réelle armée de terre, la fondant sur la conscription ou l'enrôlement forcé, certainement dans l'optique d'une invasion de notre pays. J'ai vu des émeutes se constituer et le gouvernement instaurer une terreur sans nom pour les réprimer. Désormais, les Albionnais peuvent compter sur plus de 400 navires de guerre, soit un quart de plus qu'il y a deux ans ; et 300 000 soldats, soit trois fois plus qu'il y a un an. J'ai vu ce Peuple qui ne sait faire la guerre que par l'ambition dévorante de s'emparer du commerce du monde entier, dont la sûreté politique ne pouvait, sans aucun rapport, être mise en danger par la paix, s'écrier de toutes parts : « Il faut détruire le Belondor ; il faut que le dernier de ses habitants périsse ; il faut y envoyer tous nos hommes en état de combattre et les pourchasser partout où ils seront ».

Cette volonté de lutte à outrance contre la Très Grande Nation et les valeurs de la Grande Révolution que l'Empire représente va de pair avec une haine farouche contre notre Peuple même. Contre les Belondaures. Cette haine est soigneusement entretenue par le gouvernement, le Parlement, la presse et l'Eglise. Le clergé syiste albionnique lance du haut de sa chaire mille malédictions contre les Belondaures. Les Albionnais nous haïssent. C'en est incroyable, car les Albionnais eux-mêmes nous donnent des leçons de patriotisme... J'insiste particulièrement sur ces considérations, car je désirais qu'elles puissent contribuer à nous arracher à cette apathie, à cet engourdissement funeste qui pèse particulièrement sur nos grandes villes où, tandis que nos braves défenseurs versent leur sang pour conquérir la paix et assurer au Belondor la prépondérance dans le monde, en Occident plus particulièrement, on voit trop de personnes qui apprendrait avec la même indifférence et nos succès et nos revers, comme si cela leur était égal.

En attendant, la Grande-Albion contre-attaque à nos succès en Germanie. Elle met l'accent sur certains marchés, le Despotat d'Al-Harkoum qu'elle a acquise comme client, mais aussi certaines Nations neutres de l'Archipel et surtout le Chongkwo qu'elle s'emploie à vassaliser. Mais ne nous y trompons pas. Je vous le dit et vous le répète, elle profite également de la crise qui s'abat dans l'Empire, à la différence de la période précédente. En raison du blocus qu'elle nous impose, nos fabricants manquent de matières premières, de coton, de soie grège, en particulier. Leurs produits jugés trop chers et de mauvaise qualité sont boycottés par les acheteurs du reste de l'Archipel. Ce rejet facilite les exportations albionnaises. L'Empereur aura beau accorder des crédits, rien n'y changera. Car elle profite aussi de notre crise financière pour s'emparer de notre place boursière et prendre le contrôle de certaines de nos institutions financière afin, le moment venu d'être en guerre ouverte avec nous, de nous plonger dans une crise de liquidités et de solvabilité sans précédent.

(...)

Le rapport se poursuivait encore sur plusieurs pages et montrait toute la stratégie échafaudée par la Grande-Albion afin de détruire l'oeuvre accomplie et de forcer les Belondaures à une guerre qu'ils ne pourraient que perdre. Le Maréchal, lorsqu'il eut fini de tout lire, replia le rapport et le remis dans son enveloppe. Il appela alors son aide de camp et directeur de cabinet, le Lieutenant Vereuille :

- Faites en une copie puis transmettez-la à l'Empereur. En personne.

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