Le 1er juin 2010, ce qui donnait le 4 Sibenine 2712 dans le calendrier belondaure, la nouvelle que le testament du Roi d'Eurone avait été publié était enfin arrivé. Et quelle n'était pas la stupeur des Grands qui s'attendaient à ce que celui-ci nomme le fils du Roi de Gélèbre comme successeur, de voir un Belondaure, un Zorthodoxe, un « fichu révolutionnaire » être voué à porter la couronne d'Eurone dans le futur ! Quelle n'en fut pas leur consternation ! Une immense partie de la Cour de Raulme avait ainsi réagi, et à Marceinne on en pensait pas moins. Quoi ? Un Belondor, qui plus est issu de la Grande Révolution, Zorthodoxe, à la tête d'un État germain, Syiste ? Impensable ! La Gélèbre entendait réagir.
Le nouveau ministre des Affaires étrangères, qui n'était autre que le Comte de Keipzig, souhaitait vivement une réponse. Mais le Premier ministre actuel, qui avait succédé au Comte Othon von Bolmarck aujourd'hui réfugié au Belondor, le Duc de Bramen, ancien Secrétaire d'État à la Maison du Roi (avide de richesses et qui s'était vendu totalement aux Albionnais, à tel point qu'il consultait plus souvent l'ambassadeur de Grande-Albion que le Roi lui-même pour l'orientation de sa politique), souhaitait bien entendu demander au Sir William Conmell, ambassadeur de la Grande-Albion, quelle attitude il devait adopter. En réalité, il espérait bien que celui-ci lui dirait de ne rien faire, de ne rien provoquer. Il ne voulait pas d'une guerre avec le Belondor, il souhait rester au pouvoir, pour puiser dans les caisses de l'État, s'enrichir, continuer de contrôler un Roi qui acceptait de plus en plus mal une situation qui lui déplaisait très fortement car elle n'avait rien de glorieux et qu'elle obligeait son pays à renoncer à l'indépendance alors même que celui-ci regrettait le Comte von Bolmarck.
En définitive, Grande-Albion et Roi de Gélèbre partageaient les mêmes vues, puisque l'ambassadeur conseilla au Premier ministre de réagir afin de contester ce testament. Aussitôt commandé par la Grande-Albion, aussitôt exécuté par le gouvernement gélèbrois qui publiait une lettre affirmant deux principes. Le premier, celui de l'impossibilité pour tout monarque germain de léguer sa couronne en cas de nécessité à un prince qui ne serait pas Syiste et germain, le Roi ayant insisté pour que le qualificatif « germain » apparaisse, puisque pour les Grands l'appartenance religieuse comptait plus que celle nationale. Le second, celui de l'obligation pour tous les monarques syistes et germains (encore une fois, le terme « germain » était une exigence royale) de se consulter en cas de crise de succession au sein d'un pays syiste ou germain.
C'était une vraie provocation à destination du Belondor. Le Duc de Bramen s'en fichait, celui-ci ayant reçu de l'argent pour faire taire ses craintes de la part de l'ambassade albionnaise. Mais le Roi, lui comprenait qu'il n'aurait aucun autre moyen de faire respecter cette lettre que par la guerre. Il ordonna dès lors que l'on prit les mesures de préparation à celle-ci, lesquelles exigeraient bien entendu l'invasion de l'Hollyade pour atteindre l'Eurone. La Grande-Albion le recherchait-elle ? Sûrement, pour occuper le Belondor. Le Duc de Bramen se rendait-il compte des conséquences ? Cela était peu probable, mais importait peu en réalité.
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