A la recherche d'un urbaniste ?

Votre Altesse le Ministre d'Etat,
Tout d'abord, veuillez me pardonner mes manières quelques peu abruptes d'aborder la chose, sachez que je ne suis point rompu aux règles de bienséances, ma passion pour la science et mes recherches m'aillant fait perdre l'habitude d'avoir des relations sociales.
J'ai ouï dire que l'on cherchait un urbaniste, et j'eusse souhaitez me proposer pour le poste. Bien sûr, j'ai quelques références, feu mon père s'étant chargé de mon éducation, il a visité le monde et m'a inculqué quelques notions sur l'architecture notamment. Les livres ont fait le reste.
J'ai conscience que cela puisse paraître assez peu comme expérience, mais j'aimerai que vous me laissiez ma chance de servir au mieux l'Empire. C'est ce à quoi aspire ma famille depuis des générations, même si les travaux de mes ancêtres et de moi-même n'ont malheureusement pas été fort utiles jusqu'à présent.
Permettez-donc moi de redorer notre blason et de vous servir.
Cordialement,
Louis De La Bouillardère

Nombre de messages : 391 Age : 64 Date d'inscription : 23/10/2005

Le Duc de Beneline ayant reçu cette lettre quelque peu atypique parut intéressé... Souriant devant la teneur de celle-ci, il répondit. Peut-être cette rencontre aurait-elle au moins le mérite de le divertir :

Missive a écrit:: TRES SAINT EMPIRE DU BELONDOR

PALAIS IMPERIAL CERONINE II

_______________________
Le Ministre d'Etat

DE Son Excellence le Ministre d'État,

AU Sieur Louis de La Bouillardère,

MON SIEUR,

Je vous recevrai demain à partir de dix-sept heures en mon bureau. Vous serez reçu comme il le convient par les huissiers de fonctions.

Respectueusement,

Soyez assuré de Mon plus sincère dévouement à l'Empereur, à l'Empire et aux Belondaures,

Fait à Elbêröhnit, l'Ismarkine 26 Constantine 2711.

Son Excellence le Duc Caulaincen Ambroisies de Beneline, Ministre d'État.

Louis lu avec plaisir la missive du Ministre d'Etat : celui-ci lui accordait un entretien, voilà donc une première étape de franchie.
Il se prépara donc le jour dit durant des heures pour choisir des habits convenables à une telle rencontre. Ne trouvant rien d'exceptionnel dans sa garde-robe, il opta pour un simple costume bleue marine. Mieux valait faire simple, sérieux et professionnel : ce poste était une occasion à saisir !
A l'heure indiquée, il pénétra donc dans le Ministère et se présenta aux réceptionnistes, ceux-ci lui indiquèrent une antichambre où il patienta...

Nombre de messages : 391 Age : 64 Date d'inscription : 23/10/2005

Le Ministre d'État travaillait sur de nombreux dossiers et des problèmes des plus aigus. Un secrétaire particulier vint lui donner une nouvelle missive que Sa Majesté L'Empereur venait de recevoir. Elle émanait également de l'interlocuteur qu'il devait rencontrer d'un instant à l'autre. Il la lut et la reposa par la suite, sans plus de réactions. Il se leva, et réfléchit longuement, admirant du haut du plateau qui accueillait le Palais Impérial. Elbêröhnit était plongée dans le noir, quelques lumières dans les grandes artères et quelques quartiers nouveaux étaient présentes, laissant ainsi deviner les becs de gaz des lampadaires. Le Ministre d'État demanda à un huissier de changer les bougies qui étaient arrivées au bout de leur vie. Puis il fit entrer le jeune homme.

- Bonjour Sieur de la Bouillardère. Non, ne vous asseyez pas.

Le Duc de Beneline se leva, et touchant le portrait de l'Empereur accroché à un mur, il continua :

- Bien, vous nous dîtes avoir des connaissances urbanistiques et

- Je souhaiterai avant toute chose vous parler de la lettre que vous souhaitiez transmettre à Sa Majesté l'Empereur. Elle ne lui sera jamais remise. Pourquoi ? Parce que Sa Majesté pense déjà fortement gracier ce... ce... traître de Sachinot, ce vendu à la race gélèbroise. Il n'est nul besoin que quelqu'un l'influence dans ce sens. Moi, le Gouvernement, le cabinet, tous nous menons un dur combat pour influencer Sa Majesté à ne pas gracier de terroriste. Vous nous dîtes qu'il s'agit d'un fou ? Certes pas, il a été manipulé, mais il n'est pas fou et n'a exprimé aucun remords, juste des propos de haine. Vous nous dîtes qu'il ne s'agissait que d'exprimer une opinion, que c'est de notre faute s'il n'a pu le faire ? Mais les libéraux, les socialistes, les radicaux sont extrêmement nombreux à la Diète ; ils expriment pacifiquement leurs opinions même s'il est logique que l'État y mette des limites. Il ne s'agissait nullement d'exprimer une opinion ! Il s'agissait de tuer ! Le Ministre de la Couronne avait été gravement blessé, mortellement presque. Le Belondor était en guerre. Il a voulu favoriser le renversement du régime, la victoire de la Gélèbre. Il était payé par les Gélèbrois ! Il ne s'agissait nullement d'exprimer une opinion politique : il voulait voir son pays, sa Patrie, sa Nation perdre ! Et c'est ça, cet immonde... face de...

Il s'arrêta afin de ne pas aller dans la vulgarité :

- C'est ça que Sa Majesté voulait gracier. Cet homme doit mourir. Il ira à l'échafaud ; et je fais tout pour. Cet homme ne mérite pas votre pitié.

Puis, après un silence lourd, il dit :

- Vous avez, m'avez-vous dit, certaines connaissances urbanistiques et architecturales. J'y suis intéressé.
Par ailleurs, vous venez de Veledris, il n'y a pas encore de ligne de chemin de fer jusqu'à là-bas. Le Belondor doit encore se développer, se moderniser et Sa Majesté fait tout pour. Vous avez pris les routes impériales pour venir jusqu'ici. Je me suis renseigné, la route de Veledris à Elbêröhnit est pavée. Vous avez mis combien de temps à venir ? Deux ou trois jours ? Quoi qu'avec le système de diligence cela put être plus rapide...
Enfin bon. exposez-moi vos compétences en la matière urbanistique.

Louis fut surpris que le Ministre d'Etat soit au courant de sa lettre, et qu'il ait le pouvoir d'empêcher l'Empereur d'avoir connaissance de celle-ci. A vrai dire, il était même quelque peu embarrassé. En effet, son interlocuteur était peut être son futur supérieur hiérarchique, et il venait de le mécontenter.

-hum...Oui, je comprends tout à fait votre position Votre Altesse...

Il décida de passer rapidement à un autre sujet :

-Pour ce qui est du sujet de mon voyage, il a effectivement été quelque peu longuet et chaotique. Le développement de chemins de fers pour relier les villes du pays semble désormais indispensable. Nous ne pouvons nous permettre de prendre un quelconque retard vis-à-vis de nos voisins, et ceci contribuera largement à l'augmentation des échanges entre les diverses régions de l'Empire.
Commençons donc tout d'abord par les grandes villes, et faisons en sorte que les grandes voies convergent toutes vers la capitale des capitales : Elbêröhnit, ce qui permettra d'asseoir sa puissance...
Il hésita à continuer, il cherchait désespérément un indice de la moindre réaction sur le visage du ministre : rien. Il commença à paniquer et bégaya, c'est que le relationnel n'était véritablement pas son fort.

-Je...Je...J'ai quelques autres projets...pour la capitale aussi...pour...pour faciliter le maintien de l'ordre...lors des..des grandes manifestations...Il faudrait réorganiser les petites ruelles de la capitale en de grands boulevards. Ainsi, hormis le côté incontestablement esthétique de la chose, il sera beaucoup plus aisé de contrôler les fauteurs de troubles.

Il s'arrêta, ayant vidé son sac d'arguments, il n'avait plus qu'à attendre une réponse...

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Le Duc de Beneline s'amusait de voir cet homme certainement très compétent mais quelque peu renfermé et sans liens sociaux. Cependant il n'en laissa rien passer, et il s'exprima après avoir maintenu un certain silence :

- Excellence... Excellence. Je ne suis pas une Altesse. N'en faîtes pas trop. Je ne suis qu'une Excellence.

Il s'arrêta un instant afin de marquer un air sévère puis reprit :

- Oui, il est temps de développer l'Empire, de le moderniser, de le transformer. Sa Majesté a de nombreux projets. Elle les mènera à bien. Quant à vous...

Il marqua de nouveau un temps d'arrêt afin de faire quelque peu angoisser son interlocuteur. Il s'amusait réellement :

- Vos idées... sont celles de l'Empereur. Il souhaite en effet transformer profondément le Belondor ; et aussi sa Capitale. Percement de boulevards, construction de nouveaux logements salubres, plus modernes, réaménagement des quartiers, édification d'un réseau d'égout moderne, etc... Elbêröhnit est sale, sombre, sans air... elle doit devenir propre, lumineuse et aérée. Certes, cela permettra de maîtriser plus facilement les manifestations (qui d'ailleurs sont illégales mais l'Empereur dans son mouvement de libéralisation les autorisera bien !). Mais ce n'est pas la principale motivation.
Si vous êtes prêt à assumer cette charge de transformer Elbêröhnit... vous pourriez être nommé Préfet de la Grulée.

Il sourit enfin pour la première fois...

Tout au long de la réponse du Ministre, Louis avait serré les poings si fort qu'un mince filet de sang coula le long de l'une de ses mains. Les dernières paroles firent l'effet d'une bombe : lui, Louis De La Bouillardère, descendant d'une lignée de scientifiques n'ayant jamais rien découvert, nommé préfet de Grulée ? Etait-ce une blague ? Oui, surement, car cela ne se pouvait. Il n'avait aucune expérience en matière politique, avait irrité le Ministre d'Etat, et était extrêmement mauvais dans tout ce qui touchait au relationnel. Non, décidement, on se moquait de lui.

-Votre Al...Heu...Votre Excellence, pardonnez-moi, mais je craint avoir mal entendu. Vous voudriez me nommer au poste de préfet ? Qui plus est de Grulée ?

Il réfléchit quelques secondes. Et si le ministre était sérieux ? il fallait adopter une autre tactique, faire le sourd d'oreille n'était pas la meilleure solution. Après tout, il n'avait rien à perdre s'il acceptait, tout s'il refusait de peur d'être l'objet de toutes les railleries.

-Veuillez-excusez mon manque de réactions, c'est que je suis surpris d'une telle nomination ! Cependant, si vous n'avez point changé d'avis, sachez que ce serait un honneur que de servir l'Empire de cette manière. Je vous remercie du fond du cœur pour la confiance que vous m'accordez, j'essaierai de ne pas vous décevoir...

Oubliant qu'il était en présence d'un haut fonctionnaire de l'Etat, il s'avança pour lui faire l'accolade avant de se raviser. Ne pas faire d'erreur, tu y es presque se sermona t-il...

Nombre de messages : 391 Age : 64 Date d'inscription : 23/10/2005

Le Ministre sourit un peu plus franchement ; puis sans plus attendre, il se leva :

- Monsieur... le Préfet de La Bouillardère. Vous serez bientôt nommé à la tête du Département de la Grulée. Vous recevrez bientôt de nouvelles instructions... Je vous ferai parvenir une missive à ce sujet.
Maintenant, veuillez me laisser s'il-vous-paît.

Il fit un signe de la main indiquant la porte au futur Préfet.

Louis, fou de joie, s'exécuta et quitta la pièce. En refermant la porte derrière lui, il s'arrêta quelques secondes, pour savourer le moment. Ça y est, il avait obtenu un poste politique de grande importance. Maintenant, il avait encore un peu de temps pour se promener dans la capitale, histoire de prendre ses marques...

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