Le Prince de l'Eglise, sous un dais rouge, entouré d'une grande procession de pénitents gris et escorté par cinquante Chevaliers des Tyrans de Gallice, serpentait dans les rues de la capitale sous les regards curieux de la foule massée dans les rues et aux blacons. Brandissant une croix zorthodoxe du très grand et très magnamime Saint Bezoar-le-Maxime, il avançait résolument, psalmodiant et chantant les cantiques d'action de grâce. Vêtu de pourpre carzinalice chamarrée d'or rappelant sa royale condition, le Protonotaire, envoyé particulier et spécial du Patriarche allait pourfendre l'hérésie syiste. Les Chevaliers, fiers et superbes dans leur cape battue par le vent, l'épée brillant à la ceinture, les étendards brodés de couleurs vives flottant dans les airs, donnaient à cette cérémonie d'un autre âge dans cette capitale de la modernité, une odeur de bataille sainte, un air des croisades héroïques d'autrefois qui se poursuivaient contre les barbaresques dans les mers du sud. On gagna bientôt le parvis de la Cathédrale. Le cortège s'arrêta et le carzinal-Protonotaire récit de longues prières rituelles. Il monta seul les marches en haut desquelles se dressaient les lourdes portes qui s'ouvrirent sur son commandement. Derrière elles, à l'entrée de la nef, Monsigenur Beline attendait, assisté par l'archiprêtre et le doyen du chapitre. Les deux prélats tenaient l'un les clés des portes principales, le second celels de la barrière du Chœur.
"Marius Beline, je viens, au nom du Bienheureux-Père restaurer le vrai culte en ces murs et le purifier de la souillure de l'hérésie. Je vous exhorte à laisser entrer ici la toute-puissance des Dieux et à vous soumettre à Leurs commandements.
— Je demande à Votre Eminence de faire entrer ici la vraie Foy, afin qu'elle y demeure, ferme et inébranlabe, et que les Dieux, sûrs d'y trouver une maison toujours pure, gardent Notre Empereur bien-aimé, Sa capitale glorieuse et Ses sujets soumis sous Leur bienfaisante protection.
— Yaïla !"
L'archiprêtre tendit au prélat syiste les clés de la nef, afin que Marius Beline les remît au Prince de l'Eglise. La même cérémonie se déroula devant l'entrée du Chœur où des ouvriers avaient au préalable rétablit les trois autels divins et les croix zorthodoxes. Entouré à nouveau par la garde des Tyran de Gallice, secondé par les Pénitents gris qui s'agenouillèrent autour des autels, le Prince de l'Eglise purifia le Chœur et fit brûler de l'encens qui s'éleva sous les voutes de la Cathédrale. Les chants grézgoriens débutèrent, et la procession fit le tour de l'Eglise purifiant chaque pierre et en brandissant la croix de Bezoar. Les lieux purifiés, on revint au Chœur et Louis-Auguste se tourna vers l'est, puis le nord, puis l'ouest :
"Au nom de Quetzalometeotl, Au nom de Tezcahuetecuhtli, Au nom de Itzimtlacoatl, Au nom de la Sainte-Trinité, je rends cette Eglise au culte zorthodoxe, déclare valable le sacrifice de l'autel de la Sainte-Messe qui y sera fait chaque mercredi et chauqe dimanche. Je confie ce lieu à la protection particulière de Saint-Sixte-de-Grande-Puissance."
Le carzinal dit encore une messe, sans prêcher toutefois, pour les zorthodoxes présents. et fit chanter un Vos Deos d'action de grâce.
"Vos Deos laudamus, vos Dominos confitemur.
Vos æternos Patres omnis terra veneratur.
Tibi omnes Angeli, tibi Cœli, et universæ Potestates,
Tibi Cherubim et Seraphim incessabili voce proclamant :
Sancti, Sancti, Sancti, Sancti, Domini Dei sabaoth.
Pleni sunt cœli et terra majestatis gloriæ vestrarum.
Vos gloriosus Apostolorum chorus,
Vos Prophetarum laudabilis numerus,
Vos Martyrium candidatus laudat exercitus.
Vos per orbem terrarum sancta confitetur ecclesia,
Patres immesæ majestatis.
Venerandum..."