Entretien avec le Grand-Électeur de l'Empire

Après une séquence multipliant les sessions du Conseil d'État et le plébiscite pour une nouvelle Constitution, l'Empereur souhaitait revenir au travail quotidien de réformes en profondeur de l'Empire. L'Empereur hésitait encore entre faire tenir les élections sénatoriales avant les élections municipales et urbaines, à moins qu'il ne décidât de procéder aux élections préfectorales pour remettre en marche en douceur le retour à la normale des institutions du pays. Il est vrai que s'il choisissait la tenue des élections sénatoriales en premier, il aurait à tenir compte bien plus qu'auparavant des équilibres politiques qui se feraient jour au sein du Sénat ; bien que, a priori, il puisse compter sur le soutien presque inconditionnel de quatre-vingt-quatorze sénateurs qu'il pouvait à tout moment révoquer. Or, le nouvel esprit qu'il avait insufflé aux institutions supposait d'associer les représentants du Peuple aux réformes nécessaires pour le bien de la Nation, pour l'Empire. Se levant de son siège derrière son bureau dans son cabinet, après avoir travaillé nombre de dossiers, il jeta un coup d'œil vers Elbêröhnit dont on voyait que nombre travaux avaient bien avancé, dont ceux de l'Avenue de l'Empire, désormais... Subitement, on toqua à sa porte. C'était son secrétaire particulier Charles Degaulle :

- Oui ?
- Votre Majesté, Monsieur le Grand-Électeur de l'Empire Armand de La Croix de Salignac attend d'être reçu.
- Dîtes-lui d'entrer.

Le Comte entra et présenta ses respects conformément au protocole impériale à l'Empereur des Belondaures Nabelnine II. Ce dernier prit alors la parole :

- Bonjour Excellence. Je suis désolé de vous faire quitter vos dossiers en plein après-midi, mais l'avantage désormais c'est que tous les services de l'administration centrale étant réunis au sein du Palais impérial, vous n'avez que quelques minutes de trajet à accomplir pour venir jusqu'à mon cabinet. L'idée de renvoyer la noblesse dans ses foyers et de lui supprimer ses privilèges était finalement la bonne. Plus de cour, désormais, mais une administration coordonnée et efficace...

Le Grand-Électeur ne répondit pas. L'Empereur continua donc, parlant toujours de ce ton monocorde, plat et froid qu'il affectait en public :

- Je vous ai fait venir parce que je souhaite avoir vos idées de réformes concernant les secrétariats que vous avez sous votre direction, la Police et les Affaires administratives. Sécurité, sûreté, immigration, assimilation, organisation territoriale et administrative de l'Empire, et j'en passe, tout cela est de votre ressort. J'attends donc que vous me disiez quelles sont pour vous les priorités à mettre en oeuvre. Je vous écoute, donc.