Le plan Grand Partage

En ce 40 Izaleninel 2714, l'Empereur travaillait tranquillement dans son cabinet depuis tôt ce matin. Le plébiscite constitutionnel durait depuis une journée, les Belondaures décidant de ce qui serait l'avenir institutionnel du pays. Dans peu de temps, les premiers résultats tomberaient et il ne doutait pas que le oui serait majoritaire. Tout ce qui importait était de savoir à quel point. A plus de quatre-vingt pour cent de suffrages positifs, le succès serait immense. Entre soixante-dix et quatre-vingt pour cents, le score réalisé serait très bon, bien qu'inférieur à ceux de son père lorsqu'il usait d'un plébiscite. A moins de soixante-cinq pour cent, ce serait un véritable échec...

L'Empereur lisait un dossier traitant du Centuryon, où la situation était grave. Plusieurs mois auparavant, lorsqu'il s'en était allé en Edoran, il s'était entretenu en privé avec le souverain de cet Etat. Rien n'avait fuité de cette courte entrevue, sinon que les deux pays, Belondor et Edoran, se promettaient paix éternelle et conseil permanent réciproque dans leurs actions diplomatiques et militaires. Peu après, les choses s'étaient accélérées. En effet, voilà il y a un peu plus d'un mois et demi, Edoran avait souhaité mettre fin au désordre qui régnait au Centuryon, lequel avait un impact sur ses voisins puisque la Ligue centuryonnaise, rassemblement ultra-nationaliste dirigeant une grande partie de ce territoire anarchique qu'était le Centuryon, tenait un discours des plus belliqueux, finançant même des actions terroristes. De fait, les troupes edoranaises avaient envahi le Centuryon. La situation, cependant, en était au statu quo depuis plus d'un mois, les troupes de la Ligue centuryonnaise s'étant enfermées dans les villes. C'est que les Centuryonnais espéraient bien pouvoir compter sur la résistance des ville et l'émergence d'une guérilla pour pouvoir repousser Edoran. C'était compter sans le Belondor...

- Entrez.

On avait frappé à la porte de son cabinet et son secrétaire particulier Charles Degaulle entra :

- Alors, demanda l'Empereur ? Qu'en est-il ?
- Tout a été exécuté selon vos ordres. Le Grand Moff de la Couronne a transmis ses consignes au Général d'Armée Lucius Solemenière à la tête des cinq cents vingt-cinq mille hommes de l'Armée de Gélèbre. Le plan Grand Partage est en marche.
- Bien, vous pouvez disposer.

L'Empereur ne faisait que respecter sa part de l'accord secret. Le Belondor envoyait une armée composée des légions XXXV, XXXVI, XXXVIII, LI et LV, soit cent vingt-cinq mille hommes, dans le dos de la Ligue centuryonnaise. Certes, c'était peu élégant de le faire sans déclarations de guerre, a fortiori quand tout le Belondor est obnubilé par le plébiscite, ne s'occupant pas de ce qu'il pouvait se passer en Germanie annexée, alors même que cela faisait plus de vingt jours, plus de deux semaines, que les troupes étaient en mouvement, prêtes à l'invasion le jour dit du Diisdine 40 Izaleninel. Mais la raison d'Etat l'emportait toujours.