L'Empereur invita ses deux interlocuteurs à s'asseoir, dans les deux fauteuils toujours présents face au bureau de Sa Majesté, dans le plus pur style mobilier du premier Empereur des Belondaures, Antonine Ier. Puis, il se leva, allant chercher une carte du Belondor d'une amplitude assez large (environ un mètre sur un mètre), avant de la poser sur son bureau. Il dégagea nombre de choses inutiles (ou non utiles pour le sujet dont ils allaient traiter) qui trainaient dessus. Il commença alors à s'exprimer sur le sujet de leur convocation :
- Bien. Avant toute chose, je voulais vous dire Monsieur le Ministre de la Sûreté que les services de renseignements de la Police sont assez peu fiables visiblement. Vous étiez censés m'aviser des mouvements de la famille du Bordebon. Vous n'avez pas été capables de me dire que mon benjamin voyait la fille du Bordebon ? Je crois que le projet de vous confier le Département des Services Spéciaux dans vos domaines d'attribution sera reporté.
Pour ce qui est de vous Monsieur le Ministre d'Etat vous avez plongé en plein de ce... complot. C'est bien le terme adéquat pour désigner une telle opération ? Oui. Que cela ne se reproduise plus, ou vous perdrez de suite votre fonction ministérielle mais également à la Cour Impériale. Je suis le Chef de la Famille Impériale, le seul habilité à décider du destin de ses membres et je n'entends nullement me faire imposer des choix par des subalternes que j'ai élevé et me le rende visiblement bien mal !
Il s'arrêta. Il avait quelques fois haussé le son, avec un air terrifiant qui crispaient d'effrois ces deux interlocuteurs. La plupart du temps il avait cependant mesuré le ton de sa voix. Il recommença à parler de ce même ton calme :
- Cependant, je valide cette union, Monsieur le Ministre d'Etat... Passons désormais à un autre sujet, moins... polémique, et moins délicat.
Le Ministre d'Etat esquissa un sourire, comme s'il jubilait intérieurement de voir que l'Empereur s'était rallié au principe d'un mariage entre un Temararien et une Bordebon. Mais l'Empereur très vite s'en aperçu et garda son air sévère, tout en continuant à parler, après s'être levé :
- Bien, passons désormais à ce qui est le vif du sujet donc : la tournée en province de l'Impératrice, du Roi d'Ardanie et de moi-même. Nous partirons le lendemain de l'anniversaire du Roi d'Ardanie justement, le 4 Amezzianel au petit matin. Nous partirons en direction d'Ecosient, nous y arriverons le 7, ensuite nous prendrons un navire pour aller en Ardanie. En trois jours, je veux avoir fait le tour de l'île. Le 12 je veux être de retour à Ecosient. Le 14, nous serons à Izaleninelit. Le 16, je souhaite être à Braserel, le lendemain à Minelit, le 19 à Beneline. Nous redescendrons ensuite vers le sud en passant par quelques villes jusqu'à arriver à Origodes le 23. Le 24, nous arriverons à Hams-Berg, le lendemain à Rex Civit. Le 27 nous serons à Veledris, le 29 nous serons à Cancraces, avant de revenir à Elbêröhnit le 31 Amezzianel. A chaque fois que je passerai dans une ville ou un village, je m'exprimerai à la population. Veillez bien à ce que l'ensemble des citoyens puissent m'approcher, venir m'apporter leurs doléances s'ils en ont. Je ne resterai pas longtemps, mais je veux toucher le Peuple, sentir ses besoins, ses attentes, tâter son pouls.
Enfin, lorsque nous reviendrons à Elbêröhnit, veillez bien à me faciliter l'accès par l'Avenue de l'Empire qui amènera jusqu'au Palais. Le Peuple risque de s'agglomérer sur mon passage, veillez à ce qu'il y a le plus de sécurité possible pour ses citoyens et donc à interdire la circulation à partir du moment où j'entre dans la Capitale. Mais, comme pour les autres villes, vous laisserez le Peuple m'approcher. Je veux avoir un contact direct avec celui-ci. Je lui dois tout, je dois donc lui donner tout, jusqu'à l'épuisement total ! Par ailleurs, je ne tolèrerai aucun retard dans le programme que je viens de vous fixer. Si cela devait arriver, messieurs... vous seriez renvoyés. Est-ce clair ?
La gorge de ceux-ci se serra... quelques peu angoissés à l'idée d'échouer dans leur mission. Puis, une fois qu'ils eurent bien pesé la menace, l'Empereur leur dit :
- Des choses à dire ? Sinon, vous pouvez vous retirer.