André Merleau-Cambacérès est un homme à l'allure sévère, au visage meurti, aux mains rugueuses et à une corpulence relativement dominante. Belondaure de naissance, militaire de tradition, André Merleau-Cambacérès était général dans l'Armée Belondaure. Profondément empiriste, complètement en faveur d'un renforcement de l'impérialisme nabelniste au Belondor, André se dissociait ainsi de sa famille. Il est en effet l'oncle du Duc D'Origodes, dont les opinions politiques sont complètement divergentes.
De retour, après plusieurs mois d'absence dus à différentes missions que l'on lui avait confié, il s'était décidé à participer de manière plus active à la vie politique belondaure, et soutenir les courants pro-nabelniste à une époque où l'opposition prenait de l'ampleur jours après jours. C'est ainsi qu'André se retrouva Rue de Veledris à Elbéröhnit, entrant dans quelques salons qui se disaient pour les conservateurs. Il guettait du regard chaque visage, chaque voix qui pourrait lui être familière, et tendait l'oreille pour écouter quelques conversations dans lesquelles il aurait pu intervenir.
Il entendit de cette manière discourir deux hommes. L'un grand, assis dans un confortable fauteuil, et l'autre petit, debout, feuilletant les pages du "journal" belondaure.
"Il nous faudrait un homme fort à la tête du courant conservateur. Une forte personnalité, une éloquence inée, un savoir politique et militaire sans précédent. Un homme digne d'entrer dans le gouvernement de Sa Majesté Impériale. Sans cela, l'opposition prendra de plus en plus d'importance, avec Ségolaine Royel et le Duc d'Origodes qui rassemblent les foules.
-Je suis bien d'accord avec toi. Mais de nos jours, et hormis Notre Grandissime Empereur, un pareil homme avec une pareille carrure, cela ne se trouve guère plus. Il ne resterait que les vieux militaires, qui étaient proche du Père de Nabelnine. On ne voit de nos jours que des jeunes freluquets, qui battent de l'aile dans la rue, car leurs parents peuvent vivre de leurs rentes et assurer une vie plus qu'aisée à leurs enfants sans qu'ils aient à suer.
-Et ceux ne sont pas des incompétents pareils qu'il nous faut. Nous avons besoin de quelqu'un qui ait un vécu, qui a travaillé dur pour arriver à un résultat concret."
Il se rendit alors compte très rapidement de la situation des conservateurs, qui étaient alors plus conformistes qu'autre chose. S'ils ne se réveillaient pas rapidement, alors les partis libéraux et à tendance sociale allaient prendre le dessus, ce qui n'était pas souhaitable si l'on désirait éviter quelques guerres civiles au sein de Notre Très Grand Empire.