Visite officielle de l'Empereur

L’Empereur était dans l’avion qui l’emmenait en Ardanie. Il discutait, avec ses collaborateurs, du temps qu’il faisait et se faisait de plus en plus orageux au fur et à mesure que ceux-ci s’approchaient de la province militaire d’Ardanie. Un éclair venait de se montrer., alors que l’on distinguait la côte ardanienne.
L’Empereur avait décidé de ce premier voyage dans cette nouvelle province belondaure depuis la fin de la Guerre de Réunification. Le Gouverneur de l’Ardanie, qui n’était autre que le Consul de la Culture Erasmus Nerym, s’était de nombreuses fois plains de la lenteur des travaux de reconstruction et de l’incapacité du marché à correctement répondre aux demandes de la province qui étaient urgentes et nombreuses. A de nombreuses reprises, l’Empereur et lui avait eu des conversations et autres conciliabules graves sur le sujet avec quelques accroches des fois… L’Empereur avait promis voilà deux mois, soit environ 80 jours dans le calendrier belondaure, de visiter l’Ardanie. Le moment était venu d’honorer sa promesse et il le faisait.
Ils atterrirent sur le tarmac de l’aéroport de Varsalance, puis la délégation impériale se dirigea vers les halls de l’aéroport. Le Gouverneur et Consul, Monsieur Nerym attendait l’Empereur. Il se présenta devant lui s’inclina de façon protocolaire et prononça « Gloire à l’Empereur ! ». L’Empereur répondit par un salut de la tête. Il lui parla, tandis qu’ils roulaient ensemble dans leur voiture officielle :

- Alors par quoi commençons-nous Monsieur le Consul ?

-« Comme Vous pouvez le constater, Notre voiture est suivie par un convois de taille impressionnante, et ce pour garantir Notre sécurité dans ce paysage lunaire. Inutile en effet de préciser l’explosion de l’insécurité dans la province, une insécurité qui créée des enlèvements, pillages, exécutions sommaires, etc…
Tenez, Nous devrions théoriquement emprunter ce pont mais il a été détruit pendant la guerre et toujours point reconstruit. »



L’engin emprunta un petit chemin cahoteux probablement aménagé à la va-vite par les militaires puis se retrouva au bout de quelques lieux sur un sentier poussiéreux.
Les deux hommes arrivèrent bientôt à la capitale, horriblement touchée par les bombardements. Pourtant, quelques enfants continuaient a y jouer de ci, de là, sans se soucier du danger invisible mais cependant bien présent.

« Toutes Nos excuses, Majesté, si l’Ardanie ne ressemble pas à ce à quoi Vous Vous attendiez, mais Nous avons fait avec les moyens mis à Notre disponibilité. L’Armée s’occupe simplement de déblayer les voies principales tandis que d’autres entreprises, publiques ou privées, entament la reconstruction du stricte nécessaire.
Nous espérions surtout l’intervention de FrançoisGroupe, qui est le seul consortium réellement capable de prendre en main une telle entreprise de réaménagement.
Mais hélas, aucun de leur agent ne s’est montré malgré Nos appels continus… »



La limousine emprunta un boulevard conçut pendant l’ère Merkiste-Luniniste de l’île. Le style sobre, oppressant, et gigantesque de cette époque restait encore visible même si les bombes avaient faites un formidable travail de charcutiers sur les édifices de Varsalance.
Puis, sans que les gardes ne soient intervenus, le convoi se gara devant la grande tente militaire d’où s’opérait la gestion de toute l’Ardanie.
Elle était adossée à la statue déchiquetée d’un ancien dirigeant de la révolution faisant un geste bienveillant de son bras à l’intention de passants invisibles.
En y entrant, l’Empereur pu constater que l’intérieur était rustre et peu accueillant. S’excusant une nouvelle fois devant son suzerain de ce manque de confort, Monsieur Nerym présenta à celui-ci un pompeux & magnifique fauteuil retrouvé dans le Palais du feu Président de l’Ardanie.
Le Chef de l’Etat Belondaure avait probablement des choses à dire sur ce qu’il venait d’apercevoir le long de sa traversée dans cet horizon de gravas…

L'Empereur était atterré d'un tel environnement. Il avait du mal à croire que l'Ardanie s'était si peu reconstruite en cinq mois. Il en était frustré et ulcéré. Et il contenait avec difficulté toute la rage et l'amertume qu'il avait en lui après cette démonstration édifiante des faillites de l'économie de marché et du libéralisme pour le Belondor. L'Empereur n'avait jamais été réputé pour être un libéral convaincu, mais comme seuls deux voire trois théorie s'opposaient à la connaissance des économistes, il était considéré comme un libéral par ceux-ci n'étant pas socialiste et a fortiori communiste. Mais, l'Empereur avait longuement réfléchi en voyant ce spectacle désolant de la province militaire ardanienne. Il n'avait dit mot. Et il voulait profiter de cet "aparté" - qui n'en était pas un vu les journalistes présents - avec le Consul de la Culture et Gouverneur d'Ardanie, pour faire un annonce détonante. Il souriait donc, et commença à parler sous les flashs des photographes :

- Monsieur le Consul. Je suis effaré de la situation. Une situation dont vous n'avez rien pu faire pour la changer puisqu'elle est indépendante de votre volonté. C'est une honte que ce que j'aivu aujourd'hui, et cela explique les rapports alarmants du BIRI au niveau sécuritaire et des difficultés de délinquance et d'insécurité qui règne en Ardanie. L'on a vu ici la faillite du libéralisme au Belondor. Cette théorie économique, aussi bonne soit-elle, n'est pas adaptée à notre situation économique actuelle, et n'est absolument pas nécessaire dans un contexte où les échanges internationaux sont très restreints.
C'est pour cela que cette visite me pousse à révéler au grand jour mon ambition économique pour le Belondor. L'économie de marché a montré ici ses limites. Il en a été de même au Belondor au niveau social, et notre système bien que réformé, vous le savez, est encore bien imparfait.
Je pense qu'il est nécessaire pour le bien-être de nos concitoyens, la reconstruction des provinces militaires et la survie de notre cohésion sociale, que certains secteurs appartiennent entièrement à l'Etat. Je parle bien évidemment de l'énergie, des hydrocarbures, de l'eau, des transports ferroviaires, métropolitains, de la télécommunication... mais aussi d'une Banque d'Etat en la personne morale de la Banque Centrale du Belondor, pour que tous aient accès à l'emprunt, et des services postiers pour que ceux défavorisés puissent au moins échanger par courrier. L'Etat aura aussi à cœur et comme devoir de palier à la faillite du système concernant le bâtiment par la création d'une entreprise de construction publique, qui se réservera les marchés publics ; mais aussi dans l'armement militaire de tout type afin d'assurer notre indépendance des grands groupes industrialo-militaires et conserver notre souveraineté. L'Etat, je le pense, devrait aussi créer des entreprises publiques concernant les produits pharmaceutiques pour que tous y aient accès.
Enfin, l'Etat doit avoir le monopole de la Sécurité sociale pour moi, pour un principe d'égalité. Mais cette sécurité sociale, doit se faire sans augmenter les prélèvements obligatoires et par un système de capitalisation public, sur le modèle des fonds de pensions.
La politique économique du Belondor doit reposer sur plusieurs piliers : faibles prélèvements obligatoires, salaires élevés, système de Sécurité sociale basée sur l'assurance hormis pour la politique nataliste et les personnes non-autonomes, un monopole d'Etat dans certains secteurs afin d'assurer l'égalité de tous devant des besoins nécessaires à tous, de conserver notre indépendance d’action et d’initiative, de conserver notre souveraineté nationale et de palier aux faiblesses nombreuses du marché, un système de retraite universel, obligatoire et public, capitalisé.
C’est mon grand dessein économique pour le Belondor. Je peux vous assurer Monsieur le Consul que si l’on peut l’appliquer, l’Ardanie sera métamorphosée d’ici un an.