L'entrée en scène

Le commandant Marsolin regardait vers l'horizon à bord de son vaisseau L'Inconstant. Deux autres vaisseaux, deux frégates, l'accompagnait : Le Victorieux et L'Empire. Tous trois voguaient au large des côtés gélèbroises, à quelques dizaines de milles de celles-ci, dans cette mer froide et souvent brumeuse du nord. Aujourd'hui, justement, la brume s'était petit à petit installée à la grande surprise des marins qui s'étaient levés de bonne heure sous un grand soleil réconfortant. Mais voilà, cette mer ô combien capricieuse continuait de faire des siennes. Ainsi, vers deux heures de l'après-midi, un épais brouillard s'était-il imposé, obligeant les navires à naviguer serrés, toutes torches ou autres outils de lumière allumés. Il en fut ainsi pendant deux bonnes heures jusqu'à tout à coup la brume se dissipe vers quatre heures de l'après-midi en quelques minutes...
La brume laissa paraître deux, puis trois, puis quatre, cinq navires en tout. Le commandant Marsolin, sachant que seuls les trois navires sous sa direction étaient belondaures dans cette mur puisqu'ils étaient les seuls à avoir reçu l'ordre de voguer dans ces eaux, pris sa longue-vue et pu apercevoir les étendards de la République fédérale de Grande-Albion. On ne connaissait que peu de chose de la Grande-Albion, et pour cause, celle-ci était isolonationniste. Il ne savait donc quelles seraient les intentions des navires albionnais, d'autant que c'était bien la première fois que l'on voyait la Grande-Albion s'éloigner autant de ses îles. Prenant ses précautions, il hissa un drapeau blanc, tandis que les cinq navires albionnais manœuvraient, se mettaient en ligne. De quoi inquiéter le commandant :

- Que font-ils ?
- Je n'en sais rien mon commandant, répondit un lieutenant, mais voilà quelques manœuvres étranges...
- En effet... Mais... mais... Ne me dîtes pas qu'ils se mettent en position d'attaque !
- Eh bien ils se mettent en ligne en effet, mon commandant... c'est... trè...

BÂÂÂÂM !

L'explosion avait retentit avec force tandis que les cinq navires albionnais se mettaient à tirer à toute puissance... Sans cesse, ils faisaient feu, ils bombardaient en direction des navires belondaures qui, regroupés comme ils l'étaient, formaient des proies faciles... En quelques minutes tout fut fini, les navires coulaient, leur équipage à leur bord.
Sur les navires albionnais, les cinq équipages criaient leur joie. La Grande-Albion faisait une entrée fracassante dans le jeu diplomatique et entendait démontrer qu'elle seul pouvait décider qui voguerait ou non sur les eaux, sachant qu'elle disposait de deux fois plus de navires que le Belondor. C'est ce que se dit l'Amiral Smoothe :

- Envoyez un pigeon voyageur au Parlement, annonçant que la Grande-Albion a mis par le fond trois navires de la « Très Grande Nation », que nous maîtrisons la mer et que l'Empereur des Belondaures le sait désormais.
- Ne craignez-vous pas une réaction du Belondor justement, Amiral ?
- La stratégie du nouveau Parlement est, par une action éclatante, de montrer que la Grande-Albion sort de son « splendide isolement » et entend désormais prendre une part active dans les relations diplomatiques. Et devenir la première puissance mondiale, supplantant le Belondor. Alors, à eux d'éviter des représailles et la guerre... De toutes façons, la marine impériale ne fera pas le poids face à la nôtre.