Incidents de frontière

Les collines entre le Matnal et le Belondor était une zone peu habitée et la frontière y était mal fixée. Mais voilà presque 3 mois que les équipes de géologues envoyées par Vanès Industrie y avaient découvert un gisement d'hématite qui intéressait grandement le producteur d'armes. Deux mines avaient été ouvertes et durant le mois passé la production avait bien commencée, un filon important ayant immédiatement été exploité. Les géologues estimaient qu'il était possible que de plus amples gisements se trouvent dans les collines en direction du Matnal.

Gustin Rolland était le directeur du projet chargé personnellement de l'exploitation des mines en place et de l'évaluation du potentiel de la zone pour d'autres exploitations. Il était dans sa tente en train d'étudier les plans de la région et désespérait de la situation logistique. La région était si isolée que tout le minerai extrait devait être envoyé par l'unique route en mauvaise état vers Rex Civit, par conséquent l'extraction se faisait plus vite que le transport et une grande quantité de minerai restait sur les bras des mineurs qui les empilaient dans de grands tas. Amener le matériel lourd pour les mines jusqu'ici avait déjà été un cauchemar mais la tâche qui attendait Rolland pour le transport du minerais et le va-et-vient des mineurs qui venaient des villages les plus proches s'annonçait encore pire. Si la zone s'avèrerait riche en minerais il faudrait absolument construire un chemin de fer pensa Gustin et se fit en pense bête pour en parler au directeur Vanès. Pour commencer remettre en état la route, voir l'élargir serait un bon premier pas.

Gustin enroula le plan des infrastructures et alla à la table des cartes pour y chercher la carte géologique. Il la déroula sur son bureau et étudia les zones encore en gris, soit presque toute la zone. Les géologues n'avaient pour le moment qu'analysé une infime partie des collines frontalières qui s'étendaient sur plusieurs kilomètres dans le Matnal. La frontière ne les avaient pas réellement gênés, la région était vide jusqu'à l'exception de quelques villages et fermes isolés. le Matnal était un pays en retard à tout point de vue et ne saurait pas utiliser ces réserves naturels alors Gustin avait donné l'ordre de s'avancer le plus loin possible dans le Matnal pour la recherche de gisement. D'ailleurs les deux mines installées étaient plus dans le Matnal que dans le Belondor mais qui irait s'en plaindre dans ce trou perdue ?

Un sifflement retentit au loin, la fin de la journée, 18 heure donc. Les mineurs allaient reprendre le chemin jusqu'à leurs villages à pied ou en charrette, pour certains pendant presque 2 heures de trajet. Vraiment des conditions misérables ici pensa Gustin, la plupart des mineurs étaient des deuxième ou troisième fils, pour certains il n'avait même pas encore de poil au menton, mais le fait qu'il n'était pas les fils ainés justifiait pour leur famille leur labeur en dehors des fermes familiales qui reviendraient plus tard à l'ainé. Gustin attrapa sa gourde et bu quelques gorgés. Il devait aller vérifier que tout allait bien à la tente administrative lors de paiement de la solde de la journée, ici on payait pas au mois les dangers dans la mine étaient bien trop importants pour ça, par chance ils n'avaient pas encore eu de mort mais ça n'allait pas tarder à arriver et tout le monde le savait.

Rolland entendit la dispute de loin. Il traversa rapidement le campement vers la tente administrative où une foule de mineurs c'était formée. Tous semblaient très en colère et contemplaient l'entrée de la tente. Gustin se fraya un chemin à travers ces derniers jusqu'au dôme de toile ; pourquoi la distribution de la paye n'avançait donc t-elle pas ?

Il arriva enfin à la tente et fut stoppé net par une dizaine d'hommes en armes. Celui qui semblait être le chef pointa son vieux fusil vers lui en lui faisant signe de reculer vers les autres mineurs.

Mais bon sang qu'est ce qui ce passe ici ! s'esclaffa Gustin.

Bruno, le contremaitre de la mine apparut à ses côtés et lui l'informa de la situation:

Il semble que ça soit des habitants du coin dépendant du seigneur du Matnal local. J'ai fait appeler Hirien, il est le seul à parler le germain dans cette foutus mine.

Au même moment le dénommé Hirien apparut derrière le contremaitre tout essoufflé et demanda

Me voilà contremaitre, vous avez besoin de moi ?

Gustin l'agrippa par le bras et lui montra les hommes en armes qui faisaient les cents pas devant la tente.

Tu vois ces types ? Ils sont armés, ils sont germains, ils sont du Matnal, bref je veux savoir ce qu'ils font ici.

Hirien s'avnça vers le chef et hésitant commença à lui parler en germain. La conversation dura quelques minutes puis Hirien revint vers Rolland.

Ils représentent les villages des collines, Monsieur Rolland, ils sont venus pour nous dire de partir d'ici, la frontière du Belondor est selon eux plus loin à 2 km au sud ouest. Ils ne veulent pas de nous ici.

Rolland pesta: Manquait plus que ça ! Des germains qui se préoccupent des ces foutues collines. Bon ! Dis leur qu'ils se trompent et que la frontière est à deux kilomètres au nord est d'ici et qu'ils sont sur le sol du Belondor. Et que par conséquent je peux faire appel à la légion pour les faire partir s'ils nous menacent avec leur armes.

Hirien alla discuter en germain avec le chef qui tirait une mine d'enterrement. Les germains derrière lui était des massifs hommes des collines, grands et costauds. Cependant face à une meute de mineurs qui attend sa paye ils ne feraient pas le poids. La conversation entre les deux représentant de chaque camps s'échauffa puis le chef adverse posa son fusil sur l'épaule et fit signe à ses camarades de le suivre. Les mineurs firent place aux hommes en leur lançant quelques insultes.

Hirien revint manifestement soulagé chez Rolland et le contremaitre et leur expliqua: Ils sont très remontés et disent qu'on se moque d'eux et qu'ils savent où la frontière est en réalité. ils vont porter cette affaire à leur seigneur et si nous ne partons pas, il ont menacé de revenir nous faire partir eux-mêmes...

Rolland était préoccupé par ces informations mais resta positif: Ça nous aura au moins laissé un répit. Attendons de voir les rapports des géologues sur les filons qui se trouvent plus loin dans le Matnal. Si les réserves sont aussi grandes qu'elles semblent déjà l'être ici, rien ne me fera partir d'ici, même pas une bande de villageois du Matnal avec leur faux et leurs vieux fusils rouillés. Vanès Industrie a plus d'un tour dans son sac !