Une vieille pierre

Abu Taymour fut assit, au bord d’un étang. L’eau verdoyante tournant, transpercée par des petits poissons écarlates et longs, lui inspira une paix qui le permit de trouver repos au bord des eaux. Quel étrange destin, quel étrange âge fut celui qu’il avait la lourde charge de vivre. Regardant ces eaux, ses papyri, il ressentit une grande lassitude envers ce Monde cruel et furieux. Depuis tant d’années le Belondor dominait ces terres, depuis tant d’année la poussière et le sable couvraient les ruines de Titanua, depuis tant de temps, ce pays mourrait lentement comme une bougie qui avait longtemps atteinte la dernière heure de vie. Il fut las de devoir voir come le Belondor envahissait ces terres, mangeant avidement tous ce qui se mettait sur leur passage, pillant et tuant pour cet or qu’ils désiraient tant qu’ils seraient apte à le manger sous sa forme naturelle.

Soudainement Taymour fut réveillé de ces songes par le bruit de bottes en cuire résonnant sur la vieille pierre du couloir qui menait vers les jardins ou il s’y trouva. Se levant de la bordure en pierre qui entoura l’étang, il marcha vers l’entrée du jardin pour voir entrer son serviteur avec un homme lui étant inconnu. L’invité fut étrange, ses vêtements furent faits d’un matériel dont il ne connaissait point le nom. Trop léger pour être de la laine, trop lourd pour être de la soie. Il portait sur lui, une chemise et un pantalon colorés de structures circulaires en vert, brun et gris de telle sorte que si on l’aurait mit entre plusieurs buissons, on aurait peiné à le voir parmi la verdure. Quel étrange homme ! Regardant à la taille de l’invité, il vit une ceinture doté d’une arme dans un cuir robuste comme avait l’habitude de porter les guerriers du désert. Les bottes du visiteur, furent noires et taillé de telle sorte qu’on aurait pu croire voir l’œuvre d’un maître. Voila une étrange apparence qui se présenta à lui. Le serviteur voyant son maître perplexe à cause de l’invité, lui fit part.

« Maître, voici un émissaire du Roi de Démonaco. Soyez sans crainte, il vient avec nulle intention belliqueuse. »

Taymour fut bien surpris. Un émissaire du Roi ? Voila étrange car ne fut le monarque démonégasque fort loin, exilé dans des terres lointaines sans réel support à son pouvoir ? Intrigué par cette nouvelle, il prit la parole.

« Ah oui ? Fort intéressant. Donc dites-moi, émissaire, que me veut cet honneur ? Sa Majesté va bien ? On l’a plus longtemps étendu parler d’elle. »

Regardant vers l’émissaire, il attendit la réponse. Celui-ci s’approcha donc du Rocque et lui offrit comme réponse.

« Si vous parlez du Roi Jean-Louis, sachez qu’il vient de trépasser il y a quelques semaines. Le Prince, Jean-Louis le Jeune a donc prit possession du trône et c’est pour ça qu’il m’a envoyé vers vous. Comme vous n’ignorez pas, les Rois ne furent plus sacrés depuis Alaïenia Ière à part Jean-Louis Ier, par le simple fait que la Cathédrale des Trois-Anges dans laquelle les Rois démonégasques doivent par tradition être sacrés, fut détruite pendant le pillage de Titanua. Il revient donc que pendant des décennies notre pays n’a plus eu de Roi dans la tradition. Notre nouveau Souverain, refusant catégoriquement de se voir sacrer dans la Cathédrale dans le Piatlon par opposition au Rêve avarois a donc décidée de vous demandez quel sont les chances de faire un sacre dans les anciennes traditions et aussi quel soutien vous accordez à l’imposteur belondaure. »

Taymour s’était attendu à beaucoup. Oui, il avait attendu maintes requêtes mais de loin, il n’avait pas pu imaginer que cette vieille histoire du Sacre puisse renaitre. Il fut aussi intrigué par ce soudain intérêt de voir procéder au sacre. N’était pas les souverains démonégasques en constante fuite et sans réelle patrie ? Quelque chose avait dû changer, quelque chose avait dû évoluer pour que ce jeune prince ait la sécurité pour clamer un sacre et aussi pour avoir l’autorité de refuser de se sacrer dans le Triangle. Surtout, dans quel pays fut le prince s’il ne fut pas dans le Piatlon ? Quel pays avait pu lui donner refuge et force de battre. Il ne comprenait pas tout, mais il commençait à se douter que cet émissaire fut la pointe d’un iceberg qui avait dû se construire pendant ces années de silence. Il réfléchit donc quelques minutes avant de répondre.

« Dans les anciennes traditions ? Les traditions sont claires, le sacre doit avoir lieu dans la Cathédrale des Trois-Anges et doit être soutenu par acclamation populaire. Mais la Cathédrale n’est pas détruite car ce qui compte ne sont point les murs et les arcades mais la pierre de foyer qui réside à la base de tout édifice et qui fait d’un temple, un temple et d’une maison, une maison. Nous avons récupérés cette pierre, sachant qu’un jour peut être on viendrait la clamer car qui est sacré sur cette pierre, devient Roi si le Peuple le suit. Si le Prince, la veut, il l’aura car je suis trop vieux pour me soucier de ces détails. Pour votre deuxième question, pour moi l’affaire est claire. Nabelnine n’est point souverain. Il n’a pas subit le sacre sur la pierre et n’a pas été acclamé par le Peuple. Alaïenia pour sa part, fut certes sacrée comme il se doit mais ayant été destituée pendant la Révolution de De la Mancha et n’ayant point rétablit son pouvoir par une bénédiction sur la pierre de foyer, elle n’est pas plus légitime que son époux. Mais bon, de toute façon je me désintéresse de la question. S’ils veuillent porter couronne et jouer aux rois pour pouvoir charger d’avantage leur blason, qu’ils le fassent. Qu’ils jouent aux rois, qu’ils jouent comme si mille ans de dynastie serait leur, ils furent nait paysans et le resteront car plus ils agissent en roi, plus ils agissent en paysan. Personne ne peut vaincre la nature, surtout ceux qui en ont une particulièrement immonde. Bien, je suppose donc que vous voulez la pierre ? Mon serviteur vous accompagnera pour aller la chercher. J’espère que vous comprendrez que je refuse de m’engager d’avantage. La pierre donnée, que le Prince en fasse bon usage et qu’on m’accorde paix et sérénité. Pour ma part, étant fatigué, je vous demande de bien vouloir nous quitter.»

L’émissaire ne dit pas un mot. Il s’inclina juste face au Rocque et quitta la pièce en laissant le vieil homme revenir à l’étang pour reprendre ses réflexions. Le serviteur amena l’émissaire vers une salle oû fut exposée une petit, veille pierre que jamais on aurait pu suspectée d’être la base d’un pouvoir royal. Elle fut grise et carrée, pas plus grande qu’un pavé. Le serviteur donnant à l’émissaire la pierre, celui-ci sourit et après avoir fait salutation, quitta la résidence avec sa précieuse cargaison.