L'Empire du Belondor
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L'Empire du Belondor

Micronation s'inspirant du Premier et du Second Empire français ainsi que de la Rome antique.
 
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 Lorsque le spectre demonégasque surgit

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Joackim El'Ria

Joackim El'Ria


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MessageSujet: Lorsque le spectre demonégasque surgit   Lorsque le spectre demonégasque surgit EmptyJeu 23 Avr - 3:41

Namekan, Quartier Est, 2 Izaleninel 2711 au matin,




Lorsque le spectre demonégasque surgit Temple11




Alors que le soleil osait à peine se démarquer de l’horizon, Namekan s’éveillait déjà, fière cité Demonégasque en attente d’un souffle nouveau. Alors que les marchés ouvraient peu à peu, nombre de fidèles quittaient leur foyer pour rejoindre les temples les plus proches de chez eux, en vue d’honorer les Dieux avant de passer une journée de labeur au service du félon bélondaure.

Beaucoup espéraient que les choses changent un jour, que les us et coutume d’antan reviennent par pur respect des traditions, mais il fallait désormais composer avec le colonisateur qui pensait voir en la population demonégasque, aujourd’hui appelée alaïenienne, une sous-race qui n’était pas capable de se développer seule. Rares étaient ceux qui osaient défier le conquérant et parmi les plus courageux se trouvait le Guide Joackim El’Ria, sage namekan dont la parole était toujours bue comme venant des Dieux ; peut-être finirait-il par rejoindre le Panthéon, comme Orkmon, Oroskon ou Nami. Cependant, il fallait pour l’heure s’attarder à des choses bien plus essentielles.

Assis devant le temple, avec une poignée de fervents novunistes, le sage fumait la pipe et discutait avec eux de la réalisation du projet qu’il avait savamment conçu :

« Lôrsquo la garnisôn sora a proximito du flouvo, nôus passorôns à l’attaquo. Lour naviro sora chargo do pôudro quy’ils dôivont monor au nôrd. Lôrsqu’ils ombarquorônt, il faudra fairo sautor los callos puis nôus prôfitorôns do la paniquo pôur attaquor.
Nôus allôns avoir bosôin de trôis grôupos : Lo promier servira à fairo diversiôn do l’autro côto do la rivo on tirant sur lo batau, lo socônd lour ompochora do doscondro du naviro et enfin le dornior, sur la butto qu’y se trouvo, so chargora do bloquor los ovontuols ronfôrts.
Brahim, tu as la liste d’hômmes prots à so battro avoc tôi ?

- Oui, bien sûr Guide El’Ria ; ce sont tous des hommes qui ont perdu un proche à eux dans les récents accrochages, ils sont tous sûrs et sont prêts à mourir si cela peut servir notre cause. Voilà cinquante hommes qui vous servirons, je pense que c’est assez pour une telle mission. »

Tendant un bout de papier avec un numéro suivit d’un nom, le sage le prit à la volée et le mit à l’abris dans une poche de son tricot de peau. A l’appel du gardien du temple, les hommes se levèrent sans un mot et se dirigèrent vers le porche où il leur fut demandé d’ôter leurs chaussures et de donner quelques pièces pour la Communauté ; beaucoup s’en exonérèrent en s’excusant, les fins de mois étaient de plus en plus difficile, le serpent Bélondaure prenant tout ce qu’il pouvait.

Seuls restèrent dehors Brahim et Joackim, contemplant la marée humaine se dirigeant vers eux. Le premier des deux hommes était fort jeune, il ne devait pas avoir plus de vingt ans, cependant, la dureté de la vie depuis son enfance en avait fait déjà quelqu’un de marqué dans la chair, ses traits marqués, sa mine sale, laissant voir quel chemin il avait parcouru. A côté de lui, le Guide dégageait un charisme immense ; il était d’une taille imposante et sa barbe lissée avec soin lui donnait l’air d’être un nobliau demonegasque à la solde du pouvoir. Cependant, avec ses tissus en toile, il n’avait aucunement l’apparat d’un paon de la Cour et s’en plaisait bien ainsi. Toujours très mystérieux, il ne parlait que lorsque ceci était nécessaire, préférant écouter et répondre par un acquiescement. Il sentait néanmoins que son jeune compagnon voulait lui parler mais n’osait pas faire taire le silence qui s’était imposé. Ce fut donc comme un père voyant que son fils était malmené, que le Guide intervint :

« Crains-tu pour l’ontropriso ?

- Guide El’Ria, comment comptez-vous faire pour ce navire ? Je veux dire, comment faire ex…

- Brahim, le coupa le sage, la missiôn quy ost la tionno to chargo suffisammont, laisso-môi pôrtor lo fardau. Tôut so passora cômmo provu. Maintonant, allôns prior pôur coux quy t’accômpagnorônt. Y esperemos que no tengamos que llorarlos ».

Se mêlant alors aux derniers fidèles venus se recueillir, les 2 hommes se quittèrent après une brève salutation. Le Guide était un homme recherché et il ne devait prendre aucun risque.


Dernière édition par Joackim El'Ria le Sam 25 Avr - 15:00, édité 2 fois
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Joackim El'Ria

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MessageSujet: Re: Lorsque le spectre demonégasque surgit   Lorsque le spectre demonégasque surgit EmptyJeu 23 Avr - 12:34

Quelque part sur l’Oranium, 4 Izaleninel 2711,

Cela faisait maintenant 2 jours que les consignes avaient été données et ni Brahim ni Joackim n’avaient été visibles à Namekan. Si le premier devait mettre en œuvre le plan savamment conçu dont toutes les garanties n’avaient pas été prouvées, le second avait apparemment eu une retraite à effectuer dans le sud, là où un sultan l’attendait pour une audience. Pour beaucoup, les discussions conduites par le Guide El’Ria ne servaient à rien, si ce n’était à se voiler la face en espérant que l’indépendance de Demonaco puisse être effective ; mais à côté de ça il existait toujours un noyau solide qui cherchait à faire en sorte de rendre ce fol espoir bien réel. Parmi eux se trouvaient les 50 hommes qui avaient été choisis par Brahim pour attaquer la garnison bélondaures qui devait aller vers le nord, conduisant un imposant chargement de poudre vers le nord de la province.

Allongés derrière une butte, les hommes de Klébr attendaient un signal ; c’était à lui de mener la diversion sur la rive opposé du fleuve en faisant feu sur les hommes, mais l’attente devenait insupportable et les soldats impériaux avaient déjà presque tous embarqués sur le bateau qui devait les conduire. Les fidèles, cramponnant leurs fusils dans l’attente d’un quelconque assaut se mirent à prier à voix basse, tâchant de se concentrer au maximum pour que leurs paroles soient entendues par-delà le monde des vivants. L’heure viendrait, ils le savaient.

Sur la petite route conduisant au fleuve, ils étaient une dizaine de paysans à conduire leurs mulets vers le moulin qui s’y trouvait. Visiblement inquiets, ils avançaient sans un mot, ne croisant personne et n’entendant aucun son. Dans les cabas se trouvaient les armes dont ils devaient se servir en cas de besoin, mais apparemment la garnison d’une soixantaine d’hommes qui les avait doublés un peu plus tôt était la seule force armée bélondaure à venir dans cet endroit désert. Pourtant, l’heure viendrait, ils le savaient.

Sur la colline qui surplombait le fleuve, Brahim regardait les fourmis bélondaures embarquer sur la coquille qui serait leur tombeau. Appuyé sur le saule pleureur qui s’y trouvait, il fumait la pipe en toute décontraction, alors que quelques hommes en armes, cachés dans les fourrés attendaient de passer à l’action. Le chef de l'opération, en fils de berger, avait l’habitude de conduire un troupeau et de le voir se se déplacer de loin, encadré par es chiens de meute. Il voyait donc de sa haute position tant le convoi sur la route que le groupe caché derrière une butte en terre ; tous attendaient de passer à l’attaquer, préparés avec soin. L’heure viendrait, ils le savaient.

Alors que certains n’y croyaient plus, une détonation terrible suivie de cris déchirants percèrent le silence incommodant qui était tombé sur les berges du fleuve. Sans crier gare, les fidèles novunistes quittèrent leurs tranchées pour se lancer à l’attaquer. Le groupe de Klébr fut le premier à intervenir, jaillissant l’arme au poing de l’autre côté de la butte et tirant à tout rompre sur la carcasse du navire en feu. Les soldats bélondaures, dans ce capharnaüm déchirant ne comprirent pas tout de suite qu’ils étaient attaqués et ne pensaient qu’à leur survie. Beaucoup sautèrent hors de l’embarcation, pensant que l’eau gelée serait leur seul salut. D’autres tentèrent de prendre la fuite en se jetant sur la terre ferme. Quelques secondes d’hésitation suffirent pour leur faire oublier de prendre leurs armes et de les conduire à une mort certaine. Brahim fut le premier à passer à l’attaque, le poignard qu’il avait en main coupant plus de chair que de raison. Les détonations des fusils demonégasques n’arrivaient pas à faire taire les cris plaintifs émanant de toute part, certains soldats agonisant les membres brûlés ou déchiquetés aux pieds des fidèles qui les laissaient crever plutôt que d’abréger leurs souffrance. L’heure était venue, ils l'avaient su.

Dans ce tableau, la haine d’un peuple envers un autre était criante et trois années d’une occupation chaotique n’avaient pas suffit à adoucir les mœurs. Le peuple bélondaure considérait celui de Demonaco comme étant de la souillure et en venait à changer le nom du pays, comme pour faire oublier de l’Histoire les faits très riches qui s’étaient déroulés dans les différentes provinces depuis de nombreuses décennies. Ainsi, la rage au ventre, il ne fallut pas plus de dix minutes pour venir à bout du contingent militaire et des hommes d’équipage encore en vie, aux cris de « Avec l’aide de Dieu », devise sacrée du Royaume de Demonaco.

Les corps tailladés, calcinés ou amputés furent laissés à même le sol, comme preuve de l’attaque aussi surprenante que violente d’une poignée d’hommes. Les fidèles novunistes n’arrivaient toujours pas à comprendre comment le bateau avait pu exploser, mais au fond, ils savaient que maintenant leur mission accomplie et que ce genre de détail n’avait plus d'importance.
Respectant les consignes à la lettre, les trois groupes se dispersèrent rapidement, alors que l’épave en feu finissait de couler et que le soleil, seul témoin de cette scène apocalyptique, préférait s’éclipser le temps d’une nuit, pour montrer en spectacle aux visiteurs d’un jour moins amer, ce que la rébellion était capable de faire.


Dernière édition par Joackim El'Ria le Dim 26 Avr - 13:16, édité 1 fois
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Joackim El'Ria

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MessageSujet: Re: Lorsque le spectre demonégasque surgit   Lorsque le spectre demonégasque surgit EmptySam 25 Avr - 14:55

Dans le sud de l’Alaïenie, 6 Izaleninel 2711,

Le Guide El’Ria voyageait à dos de mule, se mêlant aux paysans qui descendaient vers le Sud pour y faire le commerce de leur récolte. Habitué à ces expéditions, il n’avait pris que quelques changes et profitait du calme relatif pour réfléchir et espérer que l’attaque sur le convoi bélondaure se soit déroulée selon son plan initial. De toute façon, il le saurait bien assez tôt, il devait être rejoint par un cavalier porteur de la nouvelle ; mais pour l’heure, il laissait vaquer sa pensée à sa future rencontre avec le sultan d’Ormiane.
Son seul espoir résidait aujourd’hui dans la Cour du sultan qui dépréciait plus que tout l’envahisseur, et il espérait que la haine qu’elle portait pour l’Empire du Bélondor puisse lui être favorable pour récupérer au moins quelques territoires de la nouvelle Alaïenie et être assez puissant pour pouvoir jouer dans la balance et engager des négociations avec Nabelnine 1er. Il faudrait donc se montrer véritablement prêt à lutter et à faire de l’ombre à un Rocque pour le moins invisible.

Les chemins se séparèrent brutalement entre les paysans et le Guide ; les premiers, poursuivant vers le sud et le second vers l’est, non loin de l’Azuria. Les hommes et les femmes, fidèles novunistes eurent tout de même le droit à une prière en compagnie du sage qu’ils respectaient voire vénéraient pour les plus jeunes car incarnait cet esprit révolutionnaire prêt à lutter pour sa patrie et à lui rendre ce qu’on lui avait pillé. Ainsi, ils furent bons et lui offrirent de quoi se nourrir pour plusieurs jours, espérant le recroiser sur son retour.
Ainsi, Joackim continua sur sa bête de somme, fredonnant quelques airs en lingua pura, en souvenir de sa jeunesse passée à Namekan, au milieu des autres religieux et chercheurs avec qui il avait grandi et qui pour beaucoup, étaient morts en se battant contre l’envahisseur.

Le Guide arriva aux abords d’un immense domaine alors que le soleil était au couchant, encore assez vigoureux pour lui brûler une nuque dénudée. Il avait face à lui un mur de pierre allant de part et d’autre jusqu’à l’horizon, preuve de l’immensité du territoire délimité et avait pour seul passage un trou béant au milieu de la route, encadré par 2 immenses monolithes, vestiges des temps anciens. Il savait qu’il était arrivé sur les terrains arboricoles de l’Empire de Demonaco, encore occupés aujourd’hui et rattachés près de la couronne de l’Archipel du Triangle sans que les autorités locales ne s’en émeuvent. Il fallut ainsi vingt bonnes minutes pour que le sage parvienne jusqu’à un palais d’hiver de taille plus qu’honorable où quelques hommes semblaient entretenir les jardins et s’occuper de monter la garde.
Deux d’entre eux vinrent à lui, et s’occupèrent de conduire sa monture vers les écuries tandis qu’il le guida vers un salon où le sultan l’attendait.

L’intérieur était assez vétuste, sans doute en raison du pillage des lieux quelques années auparavant par quelque personne mal intentionnée qui pensait pouvoir voler pour se couvrir d’argent et avoir une vie plus respectable. Au milieu de cette sobriété, le petit salon avait été richement aménagé, comme pour faire honneur aux protagonistes qui viendraient à s’y trouver. Confortablement assit, un homme d’une trentaine d’année attendait Joackim, une tasse posée près de lui et semblait méditer en silence ; constatant que son hôte le gratifiait enfin de sa présence il se leva et vint le saluer, portant sa main droite vers son cœur et se fléchissant quelque peu :

« Guide El’Ria, c’est un honneur pour moi de pouvoir vous rencontrer aujourd’hui. Je suis le Sultan d’Ormiane, Gézy Bel’Hissar. »

Joackim, qui n’avait pas eu le temps de se changer, mima son interlocuteur dans le plus grand respect :
« Sultant Bel’Hissar, yo suis moy aussy ravy do fairo vôtro roncôntro. Oxcusoz-môy do mo prosotor à vôus ainsy, mais yo n’ay pas pu mo changor. »

Voyant que son interlocuteur avait du mal à le comprendre, il poursuivit de façon moins noble et de façon presque désengagée :

« Cependant, malgré mon apparat salit par le voyage, j’ai tenu à vous apporter du vin de Namekan, que nos discussions puissent se faire de façon plus légères grâce à l’ivresse de ce doux alcool ; j’espère que vous buvez. »
Le sultan approuva d’un signe de tête enjoué. Malgré sa relative posture avantageuse, le jeune avait hérité des terres de son père disparu et n’avait ni l’âge ni l’expérience pour impressionner, ce dernier semblait être totalement pétrifié face au chef de la résistance novuniste, parfaitement à son aise et prêt à discourir dans n’importe quel dialecte.

« Veuillez m’excuser mais cela fait bien longtemps que je n’ai plus pratiqué autre chose que le bass-tarnois populaire ; je pensais d’ailleurs que votre dialecte était tombé en désuétude avec l’arrivée des bélondaures.
Si vous souhaitez vous changez, allez-y, Guide ; nous aurons le temps de discuter au dîner, en espérant que vous apportiez avec vous le vin que je buvais dans ma jeunesse. »

Après un signe de la tête en guise de remerciement et de salutation, le Joackim prit congés, tâchant de ne pas trop dévoiler le rictus moqueur qu’il avait sur les lèvres.



Au repas, il se présenta de façon bien plus honorable, vêtu d’une tunique bleu turquoise et d’un pantalon de toile blanche. Afin de montrer que c’était un homme pieux, il portait aussi une longue cape blanche brodée d’or et garnie de pierreries précieuses et semi-précieuses, l’habit simplement tenu au niveau du torse du guide par une broche en or incrustée d’une gemme bleue aux teintes verdâtres. Avec un visage nettoyé et rasé, il semblait gagner quelques années, lui conférant un charme particulier. Installé face à l’Emissaire, il constata que seuls deux couverts avaient été dressés, il aurait ainsi toute la soirée pour discuter des sujets qui lui semblaient être importants.
D’ailleurs, à peine assis, la discussion débuta :

« Guide El’Ria, cette rencontre est informelle, je pense que vous le savez ; le sultanat d’Ormiane ne souhaite pas officiellement participer à la résistance du peuple demonégasque encore présent sur ce territoire. Cependant, les affres de la guerre laissent toujours de profonds stigmates et la perte de mon père et le pillage systématique de nos terres durant les années de guerre m’ont conduit à désapprouver la politique de ces envahisseurs qui ne pensent qu’à leur seul profit. J’espère que nous regagnerons un jour notre indépendance et que nous parviendrons à former un état solide.

- J’entends bien, répondit poliment le sage. Soyez assuré qu’il n’était nullement dans mon intention de souligner publiquement l’appui qui pourrait être celui de votre sultanat, tout comme je ne ferai jamais mention du Rocque dans mes actes. Je suis seul responsable des accrochages qui ont lieu en cette Alaïenie actuelle pour permettre un retour à l’indépendantisme et intrinsèquement, permettre un retour du Roi sur ses terres.
Cependant, l’Empereur Nabelnine Ier a su mettre à sa botte bon nombre de gouverneurs de provinces et il nous devient difficile d’agir sans être contrés par ces quelques sultans qui se pensent déjà maîtres du monde. »

Le vin fut alors apporté sur la table par un garde préposé au confort des convives, ce dernier eut la délicatesse de laisser le Guide servir lui-même deux verres en cristal dont il garda le premier pour le bouchon et dont il offrit le second à son interlocuteur qui en profita pour reprendre.

« Je vous remercie pour cette délicate attention, depuis que nos récoltes ont été brûlées, nous ne pouvons nous permettre de boire à flot de cette boisson pourtant si bonne pour le corps et l’esprit.
Concernant le Rocque, je souhaiterais justement que nous parlions de lui ; depuis son élection bien peu de choses ont été faites et il semble se satisfaire de cette situation, est-il lui aussi à la solde du pouvoir dictatorial ?

- Détrompez-vous, le Rocque sait ce qu’il a à faire. Rassembler les novunistes n’est pas chose si aisée et bon nombre de courants souhaiteraient s’émanciper de son contrôle pour pouvoir prendre le dessus, profitant de la situation actuelle. Pour certains, nous pourrions en faire par ailleurs parti, sauf que nos intentions ne sont pas de prendre le pouvoir pour gouverner mais au final de l’offrir à Sa Majesté, dès lors que nous serons parvenus à contrôler la majorité de l’Alaïenie et de la ramener sous la bannière du Royaume de Demonaco.
Le Rocque interviendra selon son souhait en temps voulu, mais en condamnant nos agissements, il risquera fort de nous rendre martyres et conduire finalement les novunistes à se tourner vers la révolution face à l’oppresseur ; au contraire, s’il vient à nous épauler, il se placera directement en mauvaise posture face aux bélondaures et devra conduire une lutte dont il ne connait pas les tenants ni les aboutissants.

- Concrètement, que vous faudra-t-il pour pouvoir poursuivre vos attaques ? Le sultanat est prêt à vous fournir armes et argent si vous le désirez, et à se constituer indépendante, mais il nous faudra être prêt et beaucoup discuter de cela auparavant.

- Je me doute bien Altesse, des armes et de l’argent, sans être abondants seront suffisants ; l’effort de guerre saura être apprécié auprès de mes fidèles, chaque tir de fusil, chaque coup de sacre, recevront un remerciement de la part du combattant pour le don que vous aurez consenti. »

La suite de la discussion fut moins intéressante, plus technique ; ce qu’il fallait simplement retenir était que le Guide El’Ria abattait ses cartes avec soin, faisant croire à un Roi Déchu qu’il pourrait un jour reprendre son trône, tandis de que l’autre, il faisait espérer des millions de novunistes qui seraient bientôt prêts à mourir pour laver l’honneur de sa famille. La grande bataille viendrait bientôt et le sage était assuré d’une chose, dans sa victoire ou dans sa mort, l’Alaïenie connaîtrait un nouvel essor.
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Joackim El'Ria

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MessageSujet: Re: Lorsque le spectre demonégasque surgit   Lorsque le spectre demonégasque surgit EmptyJeu 30 Avr - 5:37

Sultanat d’Ormiane, 7 Izaleninel 2711, à l'aube,



Lorsque le spectre demonégasque surgit 2287439872_377bd8c039



L’aube allait arriver sous peu, le ciel partant d’un rose carmin à l’est vers un bleu majorelle à l’ouest ; néanmoins fidèle à lui-même, le Guide était déjà levé, à guetter l’arrivée d’un de ses hommes de main depuis les terrasses du palais du Sultan Bel’Hissar. Durant sa courte nuit, il avait pressenti que la nouvelle ne tarderait pas à lui venir et malgré sa certitude d’une réussite marquante, il souhaitait en savoir davantage sur le déroulement de l’opération. Sa longue rencontre avec le Sultan avait été fort intéressante et prometteuse pour l’avenir et il fallait que le mouvement puisse se pérenniser au sein même de la région avec l’appui d’hommes prêts à se battre pour la liberté.

Préférant le son et les odeurs à la beauté du paysage, Joackim quitta alors les terrasses surplombant la palmeraie pour se promener au milieu des immenses arécacées et de faire en sorte d’y trouver des ressources pour continuer à se battre une journée de plus. La pénombre encore présente lui permettait de profiter pleinement des bruits alentours tout en conservant une faible luminosité, propice à la méditation et à la prière. S’adossant au stipe d’un palmier, il se mit en tailleur et apprécia avec délectation le capharnaüm délicieux de la nature au réveil. A cette heure les domestiques et la maigre cour étaient encore dans des lits douillets à rêvasser à d’un monde meilleur, laissant à la vie sauvage un maigre répit.

La prière de ce jour s’adressait à l’ensemble du Panthéon, considéré comme menacé et dont l’union des Dieux ne ferait qu’aider sa survie et in fine, à l’indépendance de la patrie demonegasque. Au milieu de ses suppliques, le Guide sentit une chaleur salvatrice sur son visage, comme si les Eternels voulaient lui montrer que ses souhaits étaient entendus et avaient reçu un accueil favorable ; néanmoins, le sage ne se permit pas d’ouvrir les yeux avant d’avoir totalement terminé, ce qui prit plusieurs minutes. Lorsqu’il regarda autour de lui, il ne remarquât rien, si ce n’était un soleil déjà levé ayant fui l’horizon, le plaçant dans l’ombrage des immenses palmiers qui s’étendaient à perte de vue. Le signe qu’il avait reçu était-il mystique ou n’était qu’une coïncidence entre le lever du soleil et la position du Guide ? Ce dernier ne se posa pas même la question, déjà sûr de la réponse.

Souhaitant profiter encore un peu du repos dont on le gratifiait, Joackim longea les spires, laissant glisser ses doigts sur le bois rugueux sentant toute la force de la terre, concentrée en cet espace végétal immense. Pour beaucoup de belondaures voire même d’Alaïeniens, cette rencontre entre l’homme et la nature n’était qu’une chose idiote, une perte de temps ; pour le sage, c’était l’expression d’un rapport de force, joué d’avance et qui montrait combien les races dépendaient de la verdure, dépendaient des fruits. Sous cet aspect primaire, il fallait aussi y voir l’importance des racines dans la construction de soi et a forfiori dans la construction et la survie de la patrie.
Cette palmeraie n’était pas qu’un amas d’arbres dattiers, c’était aussi un exemple parmi tant d’autres, montrant l’asservissement du peuple demonégasque à la Couronne du Belondor. Le sultanat d’Ormiane s’était construit au fil des siècles grâce à la vente de ses dattes et de son tissu, mais la guerre qui opposa Demonaco au Belondor permis le pillage économique de quelques riches investisseurs qui ravirent au nez et à la barbe d’un peuple ses matières premières, ses industries pour les mettre à leur solde. Beaucoup de terres agricoles et arboricoles furent prisent sans que la moindre contestation ne soit possible et le sultanat d’Ormiane conserva son sol par la seule force de ses habitants qui prirent le armes pour défendre ce qui leur appartenait. Néanmoins, le Sultan Bel’Hissar comme le Guide Rem’Ia savaient tous les deux que les choses iraient de mal en pis dans les prochaines années.

En récupérant la quasi-totalité des terres, les belondaures avaient pu fixer leurs propres prix sur une matière première qui était pourtant nécessaire à la survie de la population. En bradant les céréales, les fruits et les légumes, les petits propriétaires terriens devaient vendre, parfois à perte, pour tâcher de ne pas constituer de dettes trop importantes ; comme la loi du plus fort était toujours la meilleure, ils finissaient par revendre leurs terres à fuir vers les villes pour tâcher de trouver du travail.
Concernant le textile, les choses allaient encore plus mal. La mode bélondaure avait envahi les provinces marchandes et permettait donc aux tailleurs du continent de venir s’installer ici avec leurs ateliers et leur tissu ne laissant plus de place à la confection de robe ou d’habits nobles par les provinciaux eux-mêmes.

Au fond, toute une économie était en train de se transformer, appauvrissant toute un peuple au profit de quelques privilégiés venant de par-delà la mer. Le Guide Joackim avait tout de suite compris l’importance de s’allier aux nobliaux retranchés loin dans les terres car son discours trouverait des oreilles attentives et sûrement des bras, prêts à se battre.

Le plan qu’il avait confectionné durant plusieurs années trouvait désormais tout son sens et son application semblait naturelle. Il ne lui manquait aujourd’hui qu’une armée prête à se battre pour réussir à prendre le contrôle des zones parfois laissées à l’abandon par les bélondaures car inutiles et à force de courage et de batailles, l’Alaïenie tomberait pour un retour plus glorieux du Royaume de Demonaco avec à sa tête un souverain légitimé par tout un peuple et qui réussirait l’unité territoriale, chose qui avait toujours été impossible à faire.

Remontant le chemin terreux qu’il avait emprunté la veille pour venir jusqu’au palais, le Guide distingua au loin un nuage de poussière qui semblait s’approcher de lui. A n’en point douter, c’était l’émissaire qu’il attendait tant et qui allait le libérer d’une pression tenace bien qu’incomplète. Se stoppant net en surplomb de la voie il commença à percevoir la masse mouvante, qui se déplaçait sans grâce mais avec rapidité ; alors qu’une centaine de mètres était encore à parcourir, le Guide sut quelle réponse lui était apporter, un ressentiment profond, une joie inexplicable. Néanmoins, son visage grave affichait toujours le même air flegmatique. Se stoppant à quelques pas du sage, le cavalier sauta de sa monture et prit la parole, dans une logorrhée interminable :

« Guide El’Ria, vous aviez raison, tout s’est passé comme vous l’aviez souhaité, le bateau a explosé et les hommes se sont battus avec une hargne gigantesque conduisant à la perte de l’ennemi, il y a eu plus d’une centaine de belondaures morts, parfois noyés, parfois tués par les sabres et les fusils et nous n’avons eu que quelques blessés, c’est un miracles, un véritable signe des Dieux, je n’ai pas attendu pour vous délivrer cette nouvelle et vous apporter les messages de Brahim et de Klébr mais avant, j’aimerais boire. »

L’homme n’avait pas uniquement besoin de boire, ses traits lourdement marqués témoignaient d’une fatigue immense, expliquée sûrement par le fait qu’il n’avait pas souvent pris la peine de s’arrêter et de se reposer. La monture semblait tout aussi exténuée et dans un acquiescement poli, le sage prit les brides du cheval et allât jusqu’au palais, accompagné du cavalier qui n’osait plus dire un mot.

Joackim était impatient de lire les messages qui lui étaient destinés mais il fallait pour l’heure que ce héraut se remette de ce long et pénible voyage. Un garçon d’écurie fut réveillé et sommé de s’occuper avec soin du palefrenier tandis que l’émissaire du nom d’Adbûl fut conduit dans l’appartement du Guide où il trouva de quoi se restaurer et se reposer. Le Guide en profita pour prendre sa correspondance et la lire à l’extérieur, alors que le Palais commençait à reprendre vie.

Parchemin cacheté d'un sceau simple a écrit:
Eminence,

Comme selon votre convenance, l’attaque s’est déroulée le 4, alors que le bâtiment bélondaure était chargé et prêt à embarquer. Nous ne nous expliquons toujours pas l’explosion du bateau, mais tant que je sais que vous aviez raison, je ne chercherai pas à en savoir davantage.
Nous avons compté plus de quatre-vingt morts mais bon nombre on du être littéralement soufflés par l’explosion ou tombés à l’eau sans que nous les comptions ; selon votre souhait, nous avons posé les corps dans un charnier et avons pris les armes encore utiles bien que peu nombreuses.

Chacun est reparti vaquer à ses occupations à Namekan et ses alentours dans l’attente de vous servir de nouveau. Les hommes sont fiers d’avoir vaincu l’ennemi et pensent réellement que vous détenez un pouvoir qui nous permette de poursuivre sans faillir. J’ai fait promettre à chacun d’eux de garder le secret et qu’aucun homme supplémentaire ne serait mis dans la confidence.
Je m’arrangerai à appeler les plus fidèles pour vous rejoindre et je vous confie la garde d’Abdûl qui est un excellent guerrier et qui est prêt à assurer votre protection en cas de besoin.

Votre dévoué,

Brahim

Ce message était d’une importance capitale pour la rencontre à venir entre le Sultan et le Guide, ce n’était pour l’heure que du papier, mais lorsque viendrait l’heure de montrer la force des fidèles novunistes face au Califat voisin qui était pro-Belondor, ceci aurait un sens nouveau.


Dernière édition par Joackim El'Ria le Jeu 30 Avr - 10:37, édité 2 fois
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Abu Taymour




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MessageSujet: Re: Lorsque le spectre demonégasque surgit   Lorsque le spectre demonégasque surgit EmptyJeu 30 Avr - 7:03

Des nouvelles arrivèrent auprès la Sainte Cité au plein cœur du pays. Dans toutes les rues, dans chaque taverne on parla de rebelles ayant entamer d'attaquer l'Empire, on parla d'eux en premier temps à bas voix, avec la crainte que des espions étrangers puissent tirer profit de la situation mais plus tard quand chacun se rendait compte que tous étaient au courant et que se cacher n'aurait point de protection à offrir contre la soi-disant puissance de l'Empire on parla partout que ceci soit dans les rues ou les bains avec fierté de ces courageux guerriers qui suscitaient le respect des hommes et l'admiration des femmes. Même dans la Haute-Cité, on entendit cette nouvelle et donc le Rocque ne tarda point à en être informé.

Le Rocque se tenait sur la Grande Terrasse, lieux ouvert et surplombant la cité avec une vue mythique sur les plaines et dunes de l'horizon. L'air fut frais car le fleuve qui traversa la cité permit d'assurer une certaine protection contre les chaleurs épouvantables qui pouvaient frappés ce pays. Dans une contrée où l'eau fut or, ceux qui vivaient aux bords des fleuves furent riches et les cités logiquement prospères et aussi bien plus agréables à vivre. Le soleil entamer ainsi de se coucher et le Rocque vit comme l'horizon prit au fur à mesure un teint écarlate qui annonçait la fin d'une journée et le début d'une longue et froide nuit.

Le guide spirituel se retirait souvent sur cette terrasse pour méditer quand il devait prendre des grandes décisions. Bien sûr, tout le monde savait qu'il ne fut pas sage de venir le déranger à ces heures et dans ce lieux et donc il pouvait jouir d'une tranquillité et sérénité rare dans un âge marqué par les troubles et changements constants.

Le Rocque avait aujourd'hui un problème très difficile à résoudre. La naissance de mouvements de résistance avaient été attendus mais maintenant où ils furent là, il ne savait pas comment agir. Devait-t-ils les soutenir et ainsi risquer de menacer la protection que toute cette ville avait pu s'assurer face aux belondaures par son aura religieux et la ferveur de la population? Ou devait-t-il les laisser seul, avec le risque de perdre une belle occasion de pouvoir nuire réellement le Belondor et entamer une éventuelle renaissance de ce pays, libre du joug? Il ne savait pas vraiment comment agir. D'un côté, il désirait les aider mais de l'autre, il ne devait pas mettre en péril cette ville qui fut une des dernières à être protégés de la domination belondaure. Soudainement en voyant une feuille tomber, il eu une idée. Il ne fallait pas vraiment les soutenir publiquement, ne suffisait-t-il pas de leur fournir de quoi se battre? De leur donner des moyens? Ayant enfin la solution, il tourna le dos au soleil couchant et quitta la terrasse pour mettre sur pied une opération d'aide aux rebelles.

Au lendemain, un chariot protégé par cinq d'hommes quitta la Haute-Cité vers la porte australe pour aller vers le camp des rebelles. Certes, l'emplacement ne fut pas vraiment connu mais des rumeurs pouvait permettre d'estimer la région où ils furent. Il suffisait simplement que le chariot tombe dans une attaque en main des rebelles pour que le Rocque ne puisse pas être accusé de les soutenir en les soutenant quand même. Les soldats qui protégeaient le chariot avait ordre de fuir des qu'une attaque rebelle s'annonçait et d'abandonner le chariot avec son contenu qui ne fut rien d'autre que deux caisses d'or et d'épices qui pouvaient facilement être vendus à bon prix.
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Joackim El'Ria

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MessageSujet: Re: Lorsque le spectre demonégasque surgit   Lorsque le spectre demonégasque surgit EmptyJeu 30 Avr - 12:56

Sultanat d’Ormiane, 7 Izaleninel 2711, au déjeuner,



Le Guide avait eu peu de choses à préparer durant la matinée, si ce n’était sa toilette. Ayant laissé aux soins des domestiques ce fameux Abdûl, il s’en allât rencontrer le Sultan qui l’attendait pour le déjeuner. A l’air enjoué du sage, son hôte qui l’invita à s’asseoir face à lui d’un geste ample de la main, n’eut guère de mal à relever :

« Guide El’Ria, vous me semblez être en pleine forme. Cette nuit passée au sein de mon modeste palais a-t-elle suffit à vous apaiser de tous vos tourments ?

- Votre Eminence, ma nuit, bien que courte, m’a permis de réfléchir à notre discussion d’hier soir. Néanmoins ce n’est pas le sommeil qui me donne cet air satisfait ; comme vous devez le savoir, un émissaire provenant de Namekan est arrivé ce matin pour me délivrer un message d’une haute importance. L’attaque qui a été évoquée lors de notre repas d’hier s’est déroulée bien mieux que prévu et les retombées au niveau de la population ne se sont pas faites attendre. »

Tenant à se justifier, Joackim présenta 3 lettres au Sultan qui s’empressa de les lire, commençant par celle de Brahim évoquant le succès de l’opération ; vint ensuite une missive à l’écriture plus fine et au style plus assuré :

Lettre d'une page, sans sceau a écrit:
Prophète El’Ria,

Vous aviez raison, tout s’est déroulé selon votre souhait et nous comptons aujourd’hui des fidèles plus aguerris et prêts à se battre de nouveau. J’ai appris auprès de Brahim pour votre entretien ainsi que de votre souhait de voir les activistes se faire plus discrets quelques semaines. Néanmoins, nous souhaitons poursuivre notre assistance pour la reconquête de notre liberté car chaque jour que les Dieux font est pour nous le signe de l’oppression belondaure.

Votre protégé m’a informé qu’il comptait vous rejoindre avec quelques hommes aussi sûrs que nous le sommes et je souhaite mêler mes compagnons d’armes à ceux de Brahim afin de faire route vers vous et de servir votre cause. Certains ont peur des représailles ennemies et souhaitent ainsi éviter la torture et la mort mais beaucoup préfèrent être à vos côtés et se battre pour vous. Comme vous l’avez toujours souhaité, il n’y a là que des hommes célibataires et sans emploi. Certains étaient d’anciens militaires du Royaume qui ont perdu leur solde et souhaitent laver leur honneur.

Nous prendrons la route avec Brahim et ses hommes, il me tarde de vous voir de nouveau.

Bien à vous,

Klébr

Enfin, un dernier pli attendait d’être lu. Cependant, reconnaissant le grammage du papier utilisé ainsi que le sceau qu’il portait, le Sultan hésita un instant. Il débuta la lecture à voix haute pour s’assurer qu’il n’y avait pas de tromperie :

Lettre parfumée de 2 pages avec le sceau cassé a écrit:
Cheick Joackim El’Ria, Guide et Prophète de Domonaco, Serviteur du novunisme,

Il faisait bien longtemps que je n’avais pas eu à correspondre secrètement avec un homme étant son seul maître. Je ne sais guère comment vous avez obtenu des informations aussi précises sur mes intentions économiques et militaires mais la justesse de vos propos, les éclaircissements sur la situation actuelle, votre légende écrite chaque jour par nombre d’hommes et de femmes sont autant d’éléments qui m’ont poussé à solliciter mes Conseillers et à discuter avec eux des points que vous avez évoqué. Vous avez réussi à faire changer ma vision des choses en quatorze feuillets, et en me rappelant aussi bien l’histoire des Dieux que celle de notre peuple en y trouvant la force nécessaire pour apporter du crédit à votre message. Votre influence auprès de mes gens m’aurait dans d’autres circonstances conduit à craindre le pire mais vous semblez être un homme juste et bon pour Demonaco, un homme disposant de réelles convictions et de moyens qui n’attendent qu’à être mis en place.

Vous savez ma haine du Belondor farouche et la garantie que j’ai toujours donné à ma parole ainsi, les propos tenus dans ce courrier sont à prendre comme des engagements de ma part.

Concernant l’accueil des bélondaures au sein de l’Emirat, vous n’êtes pas sans savoir que nous n’avons jamais entretenu de bonnes relations avec le pouvoir illégitime et que la position de notre région n’est guère propice à leurs affaires. Néanmoins, je ferai part à mes soldats de l’interdiction de déplacement des étrangers au sein de nos terres pour la raison que vous aviez évoqué et qu’il me semble à propos de rappeler : « les déplacements en Alaïenie sont sujets à de possibles rapts, à des actions crapuleuses et il ne saurait être permis de laisser le peuple Belondor dans l’insécurité. » Cette phrase somme toute emprunte d’ironie sera la seule réponse que nous apporterons à ceux qui désireraient s’aventurer plus profond au sein de mes terres. Si d’aventure certains osaient défier mes avis, que les Dieux leur viennent en aide car je ne répondrai pas d’eux.

Concernant les accords passés entre ce qui fut un Préfet d’Alaïenie et l’Emirat, nous nous étions entendus sur un strict respect des zones d’influence. Mes aïeux ont toujours gardé les terres que je gère désormais avec la force et l’honneur et leur incombait et je ferai de même aujourd’hui. Ma Garde n’étant pas suffisante pour inquiéter le Belondor mais assez pour garantir la sécurité dans la région, il a été conclu que l’armée impériale n’aurait pas à intervenir en cas de conflit, sauf si les événements d’une particulière gravité devaient la forcer à intervenir.

Concernant l’acquisition des terres en friche et des régions désorganisées, il est vrai que j’ai souhaité lancer plusieurs opérations. Quelques califats ont émergé de nulle part grâce à la guerre entre le Royaume et l’Empire et ne voulant pas d’une région instable j’ai pris l’initiative de conduire mes hommes aussi loin que nécessaire.

Concernant l’attaque qui était prévue sur le Sultanat d’Ormiane, vous aviez une fois encore raison. Notre volonté était de permettre de contrôle des terres agricoles et arboricoles dans cette zone et la perte de puissance du Sultan Bel’Hissar semblait propice à cela. Néanmoins, l’Union qui semble vous tenir à cœur a eu raison de mon Conseil, visiblement en peine lorsqu’il est question de votre volonté. Ainsi, je suis prêt à rencontrer mon beau-frère le Sultan et à m’allier avec lui de sorte que nous formions au sein de la plaine et des montagnes, une province puissante.

Concernant pour finir l’implication de mon armée en cas de guerre, elle est évidente. Le peuple demonégasque souffre depuis plusieurs années du despotisme de souverains se moquant d’une histoire, d’une patrie et ne cherchant que le profit de quelques-uns. Mon armée est constituée d’hommes fidèles dont certains sont des vétérans de la guerre de Demonaco et n’ont eu d’autre solution que d’accepter avec fatalisme leur défaite. Néanmoins, ils seraient sûrement prêts et fiers de se battre pour la liberté de leurs fils et de leurs filles si cela était nécessaire.

Vos propos vous honorent montrent une sagesse digne de celle d’Oroskon, l’histoire nous dira votre destin est lié à celui de ce Dieu ou bien s’il est lié à celui d’Arkos. Il me plairait de vous rencontrer et de discuter de l’avenir que vous voyez pour notre territoire, celui pour lequel ma famille s’est battue et pour lequel elle est morte.

Puissent les Dieux vous assurer aide et protection,

Emir Taclec Ibn’Orcum,

« Taclec était réellement prêt à venir prendre tout ce qu’il me restait ? Il souhaitait vraiment prendre mes terres, mes gens, mes biens, ma vie ? »

Le Sultan semblait désemparé, néanmoins, c’était un Guide parfaitement calme et serein qui se permit de répondre avec flegme.

« Cet homme est come vous, il se bat pour ses gens, il se bat pour sauver ce qui peut encore l’être. Vous avez-vous-même reconnu que votre sultanat avait énormément perdu avec cette guerre contre l’Empire du Belondor. N’avez-vous pas pour autant cherché à vous battre en récupérant les terres délaissées dans le premier temps de votre régence ?
Comme un animal blessé, vous avez souhaité vous battre plutôt que de vous laisser mourir, cet instinct de survie qui fait de vous un homme juste et bon, vous permet d’être aujourd’hui autour de cette table à converser de l’avenir de votre peuple, de l’avenir de notre patrie. Ne prenez pas les paroles de l’Emir comme un acte de provocation ou une volonté de vouloir guerroyer avec vous, à l’heure où tout le monde compte ses cassettes d’or, il me semble peu probable que des souverains cherchent à sacrifier leurs hommes.

Aujourd’hui, il nous est possible de contrôler aussi bien la région d’Ormiane que celle de Sugrye nous assurant ainsi une enclave suffisante pour préparer une éventuelle guerre contre le Belondor. Le peuple a longtemps craint pour sa vie, tant et si bien que l’invasion de l’ennemi a été facilité, mais imaginez aujourd’hui un peuple qui a faim, qui a peur, qui vit dans l’insécurité, pensez-vous qu’il se battra pour le Belondor ou pour une Armée Demonegasque unit sous une même bannière avec un projet commun ? Le choix semble être déjà fait, mais il est encore trop tôt pour appeler à la révolte, encore trop tôt pour pousser à guerre.

Il nous faudra avant cela affaiblir ceux qui pourront aider l’ennemi, comme ce fut le cas avec le Califat d’Ombausia qui ravitailla les troupes contre l’assurance d’un protectorat et l’acquisition de plus de terres et de plus de pouvoir.

- Et qui de mon beau-frère ou moi aura à gérer tout cela ?

- Laissez-moi me charger de ce fardeau, Sultan. Vos gens vous aiment et vous respectent, ils voient en vous un homme bon et déjà sage pour son jeune âge. Tâchez de montrer de l’amour, de la compassion, de la sollicitude, faites en sorte de montrer à l’Ormiane que vous êtes un bon monarque et je gage sur le fait que vous n’aurez pas à gérer tout cela, pas plus que votre beau-frère. Il n’est pas question d’une lutte pour le pouvoir, mais d’une lutte contre le pouvoir. Lorsque viendra le jour de la victoire, nous aurons tout le loisir de trouver comment gérer Demonaco, à moins que vous n’ayez une solution qui satisfasse tout le monde et en premier lieu, le peuple. »

Cette réponse sembla suffisante aux yeux du Sultan. Il avait récupéré le pouvoir après l’exécution de son père qui avait refusé de se mettre sous le joug belondaure, et s’était engagé à respecter le vainqueur. Cette preuve d’une trahison envers les engagements moraux qu’il s’était toujours évertué à défendre dans sa jeunesse le conduisait aujourd’hui à agir passivement, laissant aux biens pensants le soin de gérer les choses ; il y avait peut-être là un manque de témérité mais point de courage.

Il savait qu’au contact du Guide il apprendrait beaucoup et qu’il arriverait à rendre ses gens plus heureux. Poursuivant le repas sur l’agenda de la journée, le Sultan accueillit avec entrain l’arrivée prochaine des hommes du Guide.



Sur la route du Sultanat d’Ormiane, 7 Izaleninel 2711, dans l’après-midi,




La trentaine de fidèles novunistes avaient réussi à prendre ou voler assez de montures pour faire le trajet vers le Sultanat d’Ormiane sans perdre de temps. Néanmoins, Brahim et Klébr n’avaient guère envie de tomber sur une garnison belondaure et s’étaient arrangés pour longer les grandes routes sans pour autant se mêler aux marchands qui allaient et venaient. Leur survie comptait plus que tout, ils ne voulaient pas à avoir à se justifier auprès de l’ennemi, surtout que les armes qu’ils dissimulaient ne seraient pas là pour leur donner raison.

Malgré tout, les deux chefs du groupe permirent à plusieurs reprises l’usage de la route lorsque celle-ci était déserte ou peu encombrée. Alors que le soleil venait de passer le zénith, la chaleur força les hommes à s’arrêter dans un coin ombragé et leur permit d’en profiter pour se restaurer. Ces instants permettaient la réelle démonstration d’une fraternité où les maigres rations de nourriture et l’eau étaient échangées et où les discussions portaient sur des choses d’une extrême banalité, dans les rires et la bonne humeur.
Seul Brahim était encore sur le qui-vive, à guetter à la longue vue les déplacements sur la route. Au bout d’une vingtaine de minutes, il distingua au loin un convoi pour le moins surprenant. Un simple chariot était conduit pas une groupe d’hommes visiblement suspicieux surveillant à chacun de leurs pas l’horizon, appelant Klébr avec un siffle aussi bref que distinguable, il fit part à ce dernier de ses interrogations.

« Pour toi, de simples marchands ou ils ont vraiment quelque chose à garder ?

- Autant d’hommes pour un si maigre convoi, c’est à croire qu’ils veulent volontairement attirer l’attention. Des belondaures qui chercheraient à faire tomber des pilleurs dans une embuscade, peut-être.
- Je dirais plutôt des demonegasques, ils n’ont pas la peau de ces blancs-becs. Appelle les hommes, nous allons y voir de plus prêt. »

Les hommes s’arrêtèrent en quelques instants de rire et enfourchèrent les montures sous les hennissements de ces dernières, visiblement surprises par tant d’empressement. Brahim partit avec quelques hommes afin de voir si le convoi était seul ou si se cachait derrière un plus imposant dispositif. Au milieu de la tension palpable, les minutes qui s’égrainaient semblaient durer une éternité chacune, tant et si bien que le retour du chef les soulagea quelque peu.

« Ces misérables ne sont que 5, il n’y a personne d’autre alentour. Si nous attaquons c’est maintenant ou jamais ! Mais mes amis, n’usons pas de la violence si elle n’est pas utile, le sang de doit pas couler ! »

Sous les cris de guerre, les cavaliers déferlèrent sur la route, sabres au clair ; le nombre n’avait rien d’effrayant et pourtant ils semblaient être prêts à combattre une armée entière s’il le fallait. Les soldats avaient bien pris note des ordres du Rocque et laissèrent le chariot au milieu de la route, prenant la fuite dès qu’ils virent arriver sur eux les guerriers, tâchant de se séparer et de remonter le plus vite possible vers les zones boisées qu’ils avaient franchi peu avant. Nonobstant leur bonne volonté, le cheval sera bien plus rapide que l’homme et voyant le butin qui était transporté Brahim ordonna qu’on lui ramène vif les cinq servants.

Il fallu cinq minutes pour parvenir à les rassembler vers le chariot qui fut conduit hors de la route pour ne pas alerter de possible marchands. Présentés à Brahim, aucun d’eux ne voulu dire au service de qui ils étaient et pour qui était cette marchandise. Il y avait néanmoins suffisamment d’or et d’épice pour armer plusieurs centaines d’hommes, et les chevaux étaient en excellente santé, le commanditaire devait donc être très riche.
Le voulant pas user de la torture avec des novunistes qui ne semblaient pas craindre leurs ravisseurs, le jeune chef du groupe ordonna qu’ils aient les mains attachées et qu’ils soient placés sur les montures les plus robustes. Ils seraient conduits auprès du Guide bon gré, mal gré.
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Joackim El'Ria

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MessageSujet: Re: Lorsque le spectre demonégasque surgit   Lorsque le spectre demonégasque surgit EmptyLun 4 Mai - 13:34

Sultanat d’Ormiane, 7 Izaleninel 2711, au crépuscule,


Au loin, Brahim et les autres fidèles distinguèrent ce qui semblait être un palais. Depuis la route et avec un soleil au couchant tout édifice en pierre aussi majestueux fut-il, n’était guère détachable de la montagne lointaine, tant et si bien qu’il fallu scruter ce qui aurait pu être un chemin ou une palmeraie encaissée dans des vallons, chose ô combien difficile lorsque le faut plat montant sur des kilomètres finissait pas créer une ligne d’horizon irrégulière où se détachaient sporadiquement des monts plus ou moins élevés. La carte sommaire qui leur servait à se repérer depuis le départ datait de l’époque royale et les choses avaient beaucoup changé depuis, le jeu des alliances et des contre-alliances étant sans conteste l’origine de possibles erreurs dans leur itinéraire.
Cependant, le soleil aurait bientôt disparu à l’ouest et le voyage n’en serait que plus difficile. Le barda des hommes, la fatigue des chevaux, les caissettes et leurs prisonniers tendaient à créer une obligation jusque-boutiste forçant le groupe à tenter le tout pour le tout en poursuivant sur le chemin caillouteux qui allait loin vers l’est. La voie perpendiculaire à la leur coupait en deux une immense langue de terre, totalement déserte de végétation et dont seuls les agglomérats rocheux tendaient à rendre l’endroit un peu plus vivant, détachable du lointain.
Si aucun des hommes n’était sûr qu’ils étaient sur la bonne route, aucun n’osait croire qu’ils seraient moins en sécurité en poursuivant ici plutôt que sur les grands axes marchands où des patrouilles belondaures étaient souvent présentes ; mais tous attendaient des consignes, comptant fidèlement sur les deux chefs du groupe. Un puissant sifflement de la part de Klébr indiqua qu’il ne fallait pas tergiverser ; il était posté en amont et profitait de sa haute position pour guetter alentour. Finalement, Brahim se décida :

« Prenons ce chemin et que les Dieux nous guident. »

Sans un mot, ils s’enfoncèrent alors sur la voie ouverte devant eux, les sabots ferrés des cheveux continuant l’étrange cliquetis mélodieux, toujours aussi régulier, toujours aussi monotone. Ils avaient désormais le soleil dans le dos et les ombres immenses se dessinaient devant eux, comme si la mort guidait leur pas et les amenait loin des chemins de traverse peut-être vers la voie du salut. En effet, pour nombre d’entre eux, le Sultanat d’Ormiane serait leur tombeau, eux qui ne pouvaient plus vivre ailleurs que chez ceux qui étaient comme eux, rejetés de l’Empire Belondor. Leur amour pour la patrie, peut-être même plus que leurs convictions, tendaient à en faire des soldats inépuisables, toujours prêts à se battre si tant et qu’une lueur d’espoir existait encore. Beaucoup y songeaient en silence, tâchant d’oublier les douleurs aux jambes qui les tenaillaient et préféraient penser à leur rencontre future avec le Guide El’Ria.

Seuls deux hommes en retrait par rapport au groupe semblaient être absorbés par d’autres soucis, visiblement de nature cartographique. La longue vue ne serait bientôt plus qu’un poids inutile sur le palefrenier et Brahim savait que les rations manqueraient, d’autant plus qu’ils avaient cinq bouches à nourrir. Il savait que rien ne l’obligeait à composer avec les prisonniers, mais il ne voulait pas trahir ses convictions et son respect du culte en traitant avec insignifiance ceux à qui il avait ôté la liberté ; d’ailleurs, s’il ne faisait rien il savait que Joackim lui en voudrait et ferait en sorte de lui rappeler. Le regard dans le vide, il continuait donc à chevaucher, n’espérant plus trouver atteindre le palais du Sultanat ce soir, la nuit serait tombée dans moins d’une heure et sans lune pour éclairer la route, les dangers seraient plus importants.

Il pensa d’abord à une poussière dans l’œil qui laissait miroiter au loin la présence de lumière, puis, se redressant sur sa monture, il distingua au loin ce qui semblait être une tâche blanche. S’arrêtant sur le bas côté, le fidèle laissa ses compagnons le dépasser, tous harasser par le voyage, la tête penchée vers le sol. Alors qu’il arriva aux côtés de Klébr et Brahim, l’homme leur désigna du doigt ce qu’il avait un temps cru comme un jeu des démons avant que la longue-vue ne détache clairement ce qui était jusqu’à présent le chimérique Palais du Sultanat d’Ormiane.
L’annonce qui fut faite quelques instants après créa une réelle ferveur et les animaux comprirent à la façon dont les brides étaient désormais tenues que leur calvaire serait bientôt fini et poursuivirent de plus bel leur chevauché au milieu des cailloux et des trous de terre sablonneuse.

L’arrivée vers ce qui allait sous peu devenir le cœur névralgique de la résistance demonégasque fut lourdement encadrée par les cavaliers du Sultan qui étaient apparus de nulle part, chevauchant avec vigueur et silence. Enturbannés, leur tunique bleue turquoise semblait être une invitation à ce qu’on les attaque ; pourtant cela faisait bien longtemps qu’ils comptaient parmi l’élite équestre du territoire. Ils devaient être aussi nombreux que le groupe de fidèles mais bien mieux armés et encore fougueux.

A leur approche, Brahim se détacha du cortège qui poursuivait péniblement sa route vers un vallon, distinguant de mieux en mieux ce qui semblait être l’immense place forte d’Ormiane. Il cavalait, un linceul blanc tenu au-dessus de la tête en signe d’approche pacifique. Dès lors qu’il faut assez prêt pour être entendu sans avoir à s’égosiller, il annonça :

« La Garde du Guide El’Ria ! »

Il fut surpris de voir que ceci ne changea en rien l’attitude des cavaliers qui poursuivirent pour la plus part vers le reste du cortège tandis qu’un homme, sûrement à la tête du groupe s’arrêta à proximité du bras droit du sage Joackim.

« Nous attendions vôtre venue, mais nous ne pensions pas que vous auriez pris cette route assez tardivement, vous vous seriez perdus vous auriez passé la nuit au clair. Je suis à la tête de toute la cavalerie du Sultan, appelez Medhi, jeune garde.»

Rigolant à gorge déployée, Brahim répondit positivement de la tête. Visiblement, le Palais n’était plus qu’à un jet de pierre désormais et il était d’ailleurs moins une avant qu’ils ne se fassent piéger par l’obscurité. Galopant au côté du cavalier du Sultan, il reprit son retard sur le groupe qui s’échappait en haut d’un imposant vallon ; lorsqu’il y arriva, il comprit alors pourquoi le Sultanat d’Ormiane était tant réputé. Il avait sous les yeux une palmeraie immense, encaissée dans les monts pelés et la route serait encore longue. Lui qui pensait en avoir fini déchanta donc, ce que remarqua celui qui se faisait appeler Medhi et qui ne put s’empêcher de relever à l’adresse du jeune homme.

« Ceci constitue les jardins d’Ormiane. Cinq milles hommes y travaillent chaque jour pour la grandeur de notre Sultanat mais les menaces se font plus pressantes. Nous devons veiller à ce que rien ne nous soit volé ou que rien ne nous soit brûlé ; ces belondaures sont prêts à tout et l’on dit que dans le sud, quelques hommes sont prêt à tout faire brûler pour reprendre les terres dépeuplées. Comme vous l’avez vu jusqu’ici, rien ne pousse sur des dizaines de lieues et cette vallée est un vrai miracle que nous bénissons chaque jour. Mais n’ayez crainte, nous sommes bientôt arrivés et le chemin est désormais éclairé. »

Passant ce qui semblait être un ancien poste de garde, il vit de part et d’autre que des guets veillaient sur les lieux, comme si la guerre était toujours proche. Respirant tant qu’il le pouvait l’air fruité qui empreignait l’endroit, Brahim comprit à quel point la nature était précieuse et pensa presqu’immédiatement au Guide El’Ria, qui avait sûrement pensé la même chose. Le commandant de la garde montée du Sultan ne s’était pas trompé, il ne fallut pas plus de dix minutes pour parvenir jusqu’aux écuries où bon nombre de personnes s’étaient rassemblées.

Depuis la guerre entre le Belondor et Demonaco, les petites gens d’Ormiame avaient eu pour habitude de se replier sur le seul Sultanat, évitant autant que possible les contacts avec l’envahisseur ainsi qu’avec les marchands ou émissaires des autres domaines. Mais tous savaient qui étaient les hommes qui avaient parcourus un voyage à au risque et tous comprirent que les choses changeraient bientôt dans la province que l’on appelait officiellement Alaïenie mais qu’ils considéraient toujours comme Demonaco.
Parmi la foule se tenaient aussi le Sultan ainsi que le Guide El’Ria et Abdûl ; ce dernier semblant être heureux de retrouver ses compagnons de guerre en chair et en os ce qui fut réciproque au vu des brimades qui ne tardèrent pas.

Dans son éternel flegme, Joackim présenta ses fidèles au Sultan qui leur adressa à tous la bienvenue ; ils remarquèrent néanmoins que les chevaux avaient été lourdement chargés et que tous les protagonistes n’étaient pas aussi contents d’être là.

« Brahim, quy sônt cos gons ? Tu sais ô combion lo risquo ost grand ; yo sôuhaitô uno oxplication. »

Le jeune homme ouvrit les cassettes et les présenta à l’assistance.

« Je ne sais pas d’où venaient ces 5 compères, mais ils étaient bien nombreux pour entourer deux chevaux. »

Montrant de la tête deux des montures qui étaient conduites vers les écuries, le Guide en examina une rapidement puis porta un regard interrogateur vers les hommes qui avaient eu les mains liées pendant toute la cavalcade.

« Chacune de ces bêtes vaut autant que l’épice qu’il y a là. Qui servez-vous et où alliez-vous avec ça ? »

Les spéculations allèrent bon train dans l’assistance et nombreux furent ceux qui s’hasardèrent en propositions plus ou moins farfelues. Mais l’oppression était palpable et les gardes en furent d’autant plus sur leur garde, prêts à intervenir au moindre débordement.
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Abu Taymour




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MessageSujet: Re: Lorsque le spectre demonégasque surgit   Lorsque le spectre demonégasque surgit EmptyMar 5 Mai - 4:32

Les cinq attendaient un moment avant de répondre, à quoi se presser car n’étaient pas leurs séquestreurs ceux qui voulaient avoir une information et donc qu’ils pouvaient bien les faire attendre quelques secondes. De toute façon, si ceux-ci voulaient les tuer, ceci aurait lieu plus tôt ou plus tard donc pourquoi se hâter pour se précipiter dans une mort décidée d’avance. Laissant s’installer un silence angoissant, on sentit la tension monter au point qu’il semblait tout indiquer que si personne agissait que l’atmosphère allait exploser. Soudainement, brisant le silence comme un couteau s’enfonçant lentement dans la chair d’un animal voué à être servit comme plat, un d’eux prit la parole. Celui-ci savait que les chances d’être tué avec ses compagnons par les rebelles furent minces, il n’y avait aucun intérêt politique et donc à quoi faire couler du sang de ceux qui furent du même peuple. Il répondit donc ce que le Rocque les avaient en secret ordonner de dire.

« Oui, vous avez raison, ces bêtes sont valeureuses car elles sont nait dans les steppes du Sud, là, ou le désert meurt et les montagnes naissent. Vous me demandez donc à qui nous servons ? Nous servons les Dieux et les hommes qui servent ceux-ci, nous servons la cause suprême, la cause sainte car nulle cause est vraie à part celle des Dieux. Ou nous allions ? Nous sommes venus de l’Est pour aller vers l’Ouest, nous sommes venu d’un bout pour aller vers l’autre, ainsi ce que doivent savoir les hommes sans destination autre que faire que ces épices tombent aux mains de ceux qui sont dignes d’en user la valeur pour la gloire des Dieux, pour la gloire de la Cause Suprême et non pour la satisfaction matérielle.»

Ceci dit, le soldat se tut, laissant écouter et réfléchir les mots qu’il venait de prononcer.
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Joackim El'Ria

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MessageSujet: Re: Lorsque le spectre demonégasque surgit   Lorsque le spectre demonégasque surgit EmptyMar 5 Mai - 7:36

Le Guide eut un sourire amusé, à la plus grande surprise du reste de l’assistance qui cherchait encore à dénouer les fils ; tous étaient perdus et ne comprenaient pas comment le sage faisait pour afficher telle mine.

« Que l’on traite les bêtes avec le respect qui leur est dû. »

Balayant d’un signe ample de main ces paroles, il s’attarda quelque peu avant de répondre au soldat qui avait osé prendre la parole.

« Hônôror los Dios ost uno choso, los sorvir on ost uno autro ; chacun do cos hommos y do cos fommos hônôro los Dios, mais tôus no los sorvont pas do la momo façôn. S’ils appliquont los procoptos du Tomplo, nôus sômmos uno pôigno à suivro la causo suprôma.
Vôtro voyago otait risquo, surtoût sy vous otioz tômbos sur dos bolondauros. Cos opicos sorônt utilisos con minutio, j’on fais lo sormont. »

Portant sa main droite sur son cœur, il abaissa la tête en guise de respect pour les cinq gardes ; mais en hommes toujours avisé, il jugea bon de préciser.

« Dosormais, vôus sorviroz l’ultima causa con los habitants du Sultanat. Yo no poux pas pormottro vôtro rotôur à l’Ost y yo forai lo nocossairo pôur qu’Il sacho co qu’il ost advenu de vôus. »

A l’adresse de l’assistance :

« Que l’on traite les hommes avec le respect qui leur est dû. »

Certains pensaient que former la même phrase pour les chevaux et les hommes étaient signe d’un dénigrement de ces 5 soldats, mais les fidèles du Guide acceptèrent et regardèrent d’un autre œil ces hommes, comme s’ils commençaient à comprendre ce qu’il se passait.

« Sultan, je souhaiterais m’entretenir avec vous un instant. »

Le monarque invita alors tout le monde à retourner vaquer à ses occupations, d’autant plus qu’il faisait désormais presque noir. S’écartant du mouvement, il attendit que Joackim ne lui explique.

« Je pense que ces hommes appartiennent au Rocque, comme ils pourraient servir les belondaures. Il ne serait pas sage de les laisser partir comme il ne serait pas sage de les tuer.

- Dans ce cas, que l’on avertisse le Rocque.
- Comprenez bien que s’il est averti et qu’il s’avère que ces hommes ne sont pas les siens, les spéculations iront bon train. Le Rocque est invisible depuis de nombreux mois et il le restera encore sûrement longtemps le poids des décisions étant immense. J’enverrai Adbûl pour informer L’Eminence. Nous verrons bien en temps utiles ce qu’il conviendra de faire ; en attendant, je pense que sous bonne garde ils devraient pouvoir servir dans les champs. »

Le Sultan se tourna alors vers ses gardes et ordonna prestement :

« Qu’on les conduise dans une maison, qu’on les nourrisse et que l’on veille à ce qu’il ne leur arrive rien et à ce qu’ils ne tentent rien. Ils travailleront dès demain à la construction du Temple. »

Puis à l’adresse du guide, il poursuivit à mi-voix, visiblement satisfait.

« Nous tâcherons de savoir s’ils sont croyants ou non. »
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Joackim El'Ria

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MessageSujet: Re: Lorsque le spectre demonégasque surgit   Lorsque le spectre demonégasque surgit EmptyJeu 21 Mai - 14:38

Sultanat d’Ormiane, 8 Izaleninel 2711

L’astre de feu était déjà haut dans le ciel quand Joackim quitta ses obscures chimères ; il avait passé une nuit exécrable, l’insomnie lui laissant tout le loisir de réfléchir et de prier, mais non plus de se reposer. Le Prophète n’était pas homme à s’irriter par manque de sommeil, cependant, son raisonnement était moins éclairé, comme si d’épais nuages venaient empêcher à la lumière salvatrice du soleil de faire baigner les plantations de sa bienveillance habituelle. Ainsi, comme un fruit un fruit venait à manquer de sucre s’il n’avait pas reçu assez de lumière, Joackim devenait fade, sans ce goût si particulier qui faisait qu’on l’aimât plus que tout.

Ses savates aux pieds, il parcourait alors l’immensité du domaine afin de se ressourcer, trouvant toujours réconfort dans la nature qui l’environnait. Il savait qu’Ils étaient présents en chaque chose et son contact privilégié avec le végétal ou l’animal le faisait sentir plus près d’Eux, les Dieux qui furent à l’origine de tout ce monde. Alors qu’il regardait des enfants jouer avec un cerceau et un bâton, il se souvint alors de l’interrogation bienvenue d’un garçonnet lorsque Demonaco fut travesti en Alaïenie, en rapport au nom de l’Impératrice du Belondor :

« Maître, pourquoi les Dieux nous ont-ils fait ça ? Ils ne nous aiment plus ? »

Le Prophète recevait dans le patio de sa maison, en vue d’offrir sa vision des choses à ceux qui souhaitaient la connaître. Rares étaient les adolescents, encore plus des jeunes bambins qui étaient en âge d’aller à l’école ; s’ils venaient, c’était pour accompagner leurs parents et généralement ils ne disaient rien, pas même bonjour, peureux face au sentiment de supériorité de l’homme qu’ils avaient en face d’eux. Néanmoins, parmi la longue queue de croyants et de fidèles du Temple, se tenait un enfant qui ne devait pas excéder la dizaine et dont le regard laissait voir un génie immense.

Face à cette question, les personnes qui se trouvaient derrière le jeune garçon se mirent à rire, trouvant que de telles paroles venant d’un enfant n’avaient pas lieu de recevoir de réponse ; dans son flegme habituel, Joackim posa alors une main bienveillante sur l’épaule de petit et lui répondit avec toute la conviction qu’il pouvait avoir :

« C’est justement car les Dieux nous aiment qu’ils nous ont puni. Tu te demandes alors de quoi nous avons été punis ? Et bien, de notre incapacité à discuter entre castes, de l’ingérence des sultans, khalifes, émirs et autres cheiks à s’entendre et à discuter ensemble. »

L’enfant lui coupa alors la parole, au grand étonnement de la madone qui se trouvait derrière lui et qui attendait son tour :

« De la même façon qu’un père corrigerait son fils car il a fait une bêtise ? Mais pour que la punition serve, faut-il encore la comprendre, Maître. Pensez-vous les hommes capables de voir leurs erreurs et de les réparer ou sont-ils déjà perdus ? »

Le Sage compris sur l’instant où voulait en venir ce jeune garçon dont l’esprit dépassait de loin le sien au même âge. A n’en pas douter, le jour viendrait où il faudrait parfaire son enseignement et s’arranger pour que ce jeune garçon devienne quelqu’un de bon. Tout en le regardant dans les yeux, il posa alors sa main encore libre sur la poitrine de l’enfant, alors qu’il resserrait de plus bel son épaule avec l’autre.

« Comprends qu’il est laissé à chaque homme et à chaque femme un libre-arbitre et que ce dernier peut-être considéré comme une erreur pour certains et un amusement pour d’autres. Si l’Homme était à ce point prévisible, il n’y aurait nul lieu pour les Dieux de s’occuper de nous, car ils sauraient alors que rien de contraire à leur volonté ne pourrait arriver.
Mais il en va autrement lorsque chaque personne peut devenir imprévisible, lorsqu’un ennemi peut soudainement devenir un ami sincère et dévoué ; alors les Dieux se disent que l’Homme vaut peut-être la peine d’être observé et qu’il n’est pas semblable aux autres espèces qui peuplent le monde.

Ainsi, chacun peut voir ses erreurs, puis les reconnaître voire même les réparer ou bien alors il laisse les choses se gâter encore, préférant jouer au borgne qui se disait aveugle et alors, il finira soit complètement idiot par sa bêtise, soit rongé par la culpabilité et mourra ainsi. Parfois, il y a une lueur qui apparaît soudainement et qui ravive le feu de l’âme de sorte qu’un être que l’on pensait perdu revient à la raison et fait en sorte que le monde change.

Crois en l’Homme mais crois d’autant plus en toi et tu deviendras qu’un de sage et de bon. Si tu souhaites que nous reprenions cette conversation, passe demain, lorsque le soleil sera à son zénith, je t’attendrai ici, avec des gâteaux et du thé. »

Le garçon remercia d’un signe de tête le sage, comprenant bien qu’il ne pourrait poursuivre la discussion plus avant. Quittant la tête de la queue pour sortir du patio, Joackim remarqua alors d’immondes cicatrices qui barraient un dos encore juvénile et craint un instant que son rendez-vous ne puisse jamais se réaliser.

Le lendemain, comme convenu, Joackim fit préparer du thé ainsi que des gâteaux pour honorer sa parole et pouvoir écouter ce qu’avait à lui dire ce jeune garçon, déjà fort éprouvé par la vie. Durant l’attente, il se remémora la suite de son après-midi de la veille, marquée tout du long par cette brève rencontre qui fut pour lui une grande leçon.
Alors que le jeu d’ombrage se poursuivait au-dessus de lui, il comprit que le jeune garçon ne viendrait pas et eu un pincement au cœur. Il passa ainsi le reste de l’après-midi à comprendre pourquoi il n’avait pu venir, imaginant tous les scénarios possibles avant de se résigner à sortir et à aller au Temple. S’il était déçu, il était persuadé qu’un jour il rencontrerait de nouveau ce jeune garçon et qu’ils auraient beaucoup à apprendre l’un de l’autre.


Joackim n’avait jamais plus retrouvé cette incandescence géniale dans les pupilles d’un gamin et en regardant les enfants jouer au milieu de la palmeraie il comprit que ce n’était pas non plus pour aujourd’hui. Désormais, il n’éprouvait plus qu’une simple nostalgie pour cette histoire qui venait à lui de temps à autre, généralement lorsqu’il était seul et qu’il avait besoin de quelqu’un pour l’interroger.

Alors qu’il empruntait un chemin caillouteux surplombant la palmeraie, le sage distingua que de nombreux arbres étaient abattus en contre-bas et que les cinq prisonniers de la veille travaillaient avec détermination, se mêlant sans mal aux serviteurs du Sultan. Le trou béant qui se présentait désormais face à lui, lui laissa un goût amer en bouche. N’aurait-il pas été plus sage de construire le Temple sur les hauteurs, surplombant ainsi la vallée et offrant à n’importe quel visiteur un relai tant physique que spirituel ? Peut-être qu’il valait mieux abriter le lieu de commémoration aux regards curieux d’émissaires belondaures qui viendraient jusqu’ici pour une audience. Si le seul vrai culte à Demonaco était le novunisme, il était désormais mal vu de créer de nouveaux Temples alors qu’émergeaient les Eglises Zorthodoxes et que des missions cherchaient à offrir aux paysans une religion nouvelle, marquée par la réussite et le progrès.

Joackim était plus un intellectuel qu’un manuel, mais il était sûr d’une chose ; une journée de dur labeur alors que le soleil frapperait le dos comme un bâton épineux, serait un excellent moyen de le fatiguer et de lui faire trouver un sommeil récupérateur. Il descendit alors jusqu’au groupe qui travaillait et demanda quelle tâche pouvait-il effectuer, se retrouvant à porter d’innombrables paniers de dattes sur des lieues entières, quittant la zone d’abattage pour celle de séchage des fruits qui seraient par la suite revendus au sud. Bien que toujours accompagné de deux ou trois autres personnes, le sage ne disait mot, préférant écouter ce que le peuple pouvait bien avoir à dire, plutôt que de donner son avis.

La vie loin de Namekan était différente mais désormais plus emprunte d’authenticité, loin de tous ces colons blancs et de leur rigorisme.
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MessageSujet: Re: Lorsque le spectre demonégasque surgit   Lorsque le spectre demonégasque surgit EmptyVen 19 Juin - 13:56

Emirat de Sugrye, 39 Izaleninel 2711, dans la journée,


Lorsque le spectre demonégasque surgit 26287011


Après avoir passé près d’un mois au sein du Sultanat d’Ormiane, où il apprit beaucoup de la politique de la région, le Guide El’Ria abandonna quelques temps sont hôte en vue de consulter son beau-frère, Emir de la région de Sugrye, située juste au-dessus. Si les deux chefs se connaissaient bien, il n’en était pas de même du sage qui n’avait eu l’opportunité que de correspondre dans le plus grand secret. Il mit ainsi un long moment à préparer une entrevue, qui ne durerait que quelques jours ; néanmoins, il savait l’importance d’une telle entreprise et du besoin de la prévoir le plus tôt possible. L’Empire du Belondor avait toujours été prompt à prendre les armes sans que l’on s’y attende et c’est dans cette attente insupportable qu’il fut décidé de prévoir toute riposte avant que l’attaque ne survint. Joackim espérait énormément de cette rencontre, avec sûrement à la clé une unification des deux régions contigües avec à sa tête une seule personne.

Les sentiers utilisés pour cheminer jusqu’à Radadjathaïadah - la Cité du Savoir, étaient escarpés et passaient par la plupart au milieu de vallées immenses, désertiques, parfois pourvues d’herbes et de glace permettant aux bêtes de se ravitailler. Malgré la chaleur écrasante de la journée, les nuits étaient glaciales ; c’était néanmoins la route la plus sûre, la plus reculée, celle où aucune garnison du pouvoir colonialiste n’oserait prendre. Le groupe, était composé d’une centaine d’hommes dont quelques fidèles novunistes, à l’image d’Abdûl qui prenait sa charge de garde très au sérieux, ainsi que Klébr et Brahim, escortés par un détachement de la garde personnelle du Sultan Ben’Hissar, l’Oblath Medhi à leur tête. Bien évidemment, pour éviter les soupçons des petites gens de la Sugrye, le convoi comportait un nombre important de dromadaires chargés de dattes et d’huile de palme, afin de commerce ; si quelques retombées économiques avaient été prévues par missive, la mission première n’était aucunement celle-ci.

Il y avait trois jours de trajet pour rallier les deux capitales, anciennement les plus riches de la région, la route qu’ils empruntait était la grande route commerciale d’antan, protégée par de nombreux postes de garde et où les petits bourgs et les auberges étaient légion ; néanmoins, il ne restait aujourd’hui plus que des ruines, œuvre du temps et des guerres internes qui s’étaient déroulées suite à l’envahissement de l’Empire de Demonaco par le Belondor. Sur le trajet, les discussions étaient rares et ne portaient pas sur les affaires du pays, mais sur des sujets plus désuets de prime abord, touchant parfois à la philosophie, parfois à la lettre, parfois même aux mathématiques ; Joackim devant souvent répondre à des questions dont il ignorait lui-même les réponses. Malgré sa très grande richesse culturelle, il n’avait pas encore embrassé le savoir universel bien qu’il passait pour érudit et sage auprès des personnes qu’il côtoyait. Son âge n’y était pour rien, et peut-être était-ce sont charisme qui le rendait si incroyable. Il espérait donc que cette ferveur le suivrait jusqu’à la réussite de son travail, jusqu’à l’indépendance de l’Alaïenie.

L’arrivée à Radadjathaïadah fut pleine d’entrain. Si pendant tout le voyage ils n’avaient pas croisé âme qui vive, les dernières lieues les rapprochant de la Cité du Savoir furent les plus longs, en raison des nombreux contrôles effectués par les Gardes et des sollicitations accueillies avec irritation. Malgré toute la diplomatie de l’Oblath Medhi, les soldats sugryens restaient méfiants à l’idée de voir des hommes emprunter cette route, quant bien même fusse pour vendre de la marchandise. Ainsi, les armes du convoi furent confisquées jusqu’à nouvel ordre et la troupe fut conduite sous étroite surveillance jusqu’à la ville.
De loin, elle se distinguait mal du paysage ambiant, escarpé, parfois même décharné, des monts filant droits vers le ciel tandis que d’autres semblaient avoir été broyés par la Nature. Au milieu de ce paysage chaotique, Radadjathaïadah se voyait munie de très hautes tours, qu’elles furent défensives ou à d’autres vocations jusqu’alors inconnues pour Joackim et ses compagnons. La Cité n’était ni belle ni laide, ni grande ni petite, mais elle avait une réputation qui en faisait le berceau du savoir demonegasque, c’était là que des pans entiers de l’astronomie furent écrits, que les mathématiques se développèrent ainsi que la physique. Pendant de nombreux siècles, les alchimistes avaient tentés de se faire bien voir par les dynastes, leur promettant toujours de créer de l’or à partir d’autres métaux, de mettre sur pied une potion de jouvence qui feraient d’eux de véritables Dieux pouvant ainsi régner à jamais. Il fut aussi question entre ces murs de l’apparition de nombres d’inventions.

Lorsqu’ils passèrent la porte sud, une foule se forma rapidement autour d’eux ; les enfants tout d’abord, cherchant à grappiller quelques fruits qu’ils n’avaient pas souvent l’occasion de manger, puis des femmes qui préféraient délaisser leur travail manuel afin de comprendre ce qu’il se passait sur la grand’voie conduisant jusqu’au Palais de l’Emir. Malgré les nombreuses questions qui étaient posées, aucun des hommes ne répondit, laissant ainsi les rumeurs traverser les rues, les places et autres chemins de traverse tant et si bien qu’ils n’avaient pas encore atteint le cœur de la Cité qu’on les taxait déjà de voyageurs à la solde du Belondor, venus ici pour approcher l’Emir et le faire ployer sous la puissance de l’Empire.
Pourtant, le silence indéfectible qui entourait le groupe de voyageur leur permit de ne pas envenimer la situation, chacun attendant une intervention des autorités de la cité, sinon l’intervention de l’Emir lui-même. Joackim, dont le visage était masqué par un turban coloré cherchait du regard celui qui devait les accompagner près de l’Eminence. Ainsi, à la manière d’un rhapsode, un petit homme s’approcha de la tête du groupe ; les mains écartée, paume vers le ciel, il salua de sa voix haut perchée ceux qu’il considérait comme les « amis de la Sugrye » et déclarait à qui voulait l’entendre que l’Emir attendait avec une grande impatience leur venue. Quelques peu surpris de ne pas le voir directement les accueillir, les Abdûl, Klébr, Brahim et Medhi attendirent un acte de leur Guide, qui ne tarda pas à venir :

« Salutations, frère. Fais savoir à ton maître que nous serions ravis de le voir au plus tôt mais avant toute chose, où pouvons-nous conduire nos bêtes et notre marchandise ? »

Tandis que l’héraut (car telle semblait être sa charge) regarda ennuyé les monticules de dattes et les pots d’huile qui étaient montés sur les chevaux, ânes et autres dromadaires, un homme dont les vêtements laissaient témoigner sa relative aisance financière, se permit d’intervenir, coupant la parole à l’émissaire de l’Emir :
« Voilà un chargement qui assurément est à céder au plus offrant, inutile donc de laisser plus longtemps votre marchandise sur vos bêtes de somme alors que mes étals conviendraient tout à fait. Si j’ai plus d’aisance à vendre esclaves et tapis, rien ne m’empêchera de pouvoir céder à bon prix vos biens. »

Encore une fois, la troupe fut étonnée mais resta cachée dans le mutisme laissant le plus avisé d’entre eux parler. En guise de respect, Joackim s’approcha alors de lui et lui présenta ses mains devant lui, comme s’il désirait recevoir du ciel une quelconque offrande ; elles étaient vides, marquées par de nombreuses cicatrices et marques prouvant qu’il avait l’habitude de s’en servir, sans pour autant que les paumes furent rêches et cornées. Malgré les jours de voyage, son visage n’accusait aucune fatigue malgré une barbe un peu plus longue qu’à l’accoutumée, mais jamais le commerçant n’aurait pu le savoir.
Saluant cette fois-ci son interlocuteur en baissant sa tête au niveau de son torse, celui que tout le monde voyait comme un honnête marchand répondit alors.

« Si quelques présents sont à destination de votre très estimé Souverain le reste vous sera vendu avec plaisir. Nous devrons d’abord en discuter avec l’Emir Taclec Ibn’Orcum mais ce serait avec un plaisir infini que nous serions prêt à vous en proposer de nouveau, si cela vous sied. »

Sans laisser à ce dernier le temps de répondre, il esquissa un sourire et poursuivit, la foule alentour semblant suspendue à ses lèvres, visiblement impatience de savoir ce qu’il allait dire.

« Que l’on conduise ce qui doit être conduit. »

Les bêtes cheminèrent de nouveau parmi la foule en direction du souk, tandis que quelques hommes restèrent autour du Guide El’Ria, visiblement à son aise dans cet exercice que représentait le marchandage. Le Sultan serait sûrement très satisfait de voir qu’il avait été possible d’écouler en quelques instants seulement toutes les marchandises qui avaient été prises et malgré le paiement des droits de passage, les revenus seraient sûrement très satisfaisants, quant bien même la réunion informelle qui devait se tenir avec son beau-frère ne donneraient rien de probant.
Tandis que le petit groupe fut conduit par l’héraut, la vie reprenait son chemin à Radadjathaïadah. Cette Cité, qui font longtemps le cœur de la science ne semblait plus désormais vivre que sur l’agriculture et le commerce qui pouvait en découler ; le temps où les découvertes rendaient fières ce peuple semblait n’être qu’un mythe destiné à rendre le voyage jusqu’à l’Emirat un peu point indigeste.

Le Palais était sublime. Les vastes pièces disposaient d’un plafond haut d’une dizaine de mètres, souvent peint par les plus grands artistes que Demonaco ait porté. L’ambiance était impressionnante, tant le lieu semblait recouvrir de mystères ; Joackim lui-même semblait être perdu, levant constant les yeux vers les fresques qui défilaient, racontant des histoires dont la fin devait sûrement être laissée à l’appréciation du spectateur. Une odeur, fruitée et entraînante flottait tout autour d’eux tandis qu’ils marchaient, leurs pas résonnant dans un tumulte de froufrous causé par les bruissements des tuniques contre leurs jambes nues. Le héraut devint un garde, puis un valet, puis eunuque, jusqu’à ce qu’ils furent conduits, toujours dans le plus grand silence, au salon personnel de l’Emir.
S’arrêtant devant une grande porte en bois massif, on distinguait à travers cette dernière un accompagnement musical ainsi que des rires (tous féminins) ; un salon personnel qui ressemblait à un harem était une idée bien peu concevable dans l’esprit pieux du Guide mais il tâcha de ne pas s’en formaliser, de même façon que ses proches qui l’accompagnaient.


Dernière édition par Joackim El'Ria le Ven 19 Juin - 13:58, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Lorsque le spectre demonégasque surgit   Lorsque le spectre demonégasque surgit EmptyVen 19 Juin - 13:57

Après une minute d’attente, ils furent invités à entrer. Face à eux, dans une alcôve étrangement plus éclairée que le reste de la pièce, se tenait un homme à peine plus vieux que Joackim, confortablement installé sur un vaste divan recouvert de draperies et de peaux colorées. Quelques femmes dansaient pour lui, tandis que d’autres tâchaient de donner du rythme en jouant de leur instrument. La plupart étaient blanches, sûrement des filles de joie belondaures vendues un bon prix, à moins que ce ne furent des femmes souhaitant s’octroyer les faveurs d’un homme riche tout en vivant dans l’exotisme (mais dans l’un, comme dans l’autre, leur situation n’était pas réellement enviable aux yeux de Joackim).
L’Emir Taclec Rem’Orcum somma alors ses compagnes du moment de le laisser car il avait à faire ; heureusement que le Sultan Bel’Hissar ne faisait pas parti de la troupe car il serait sûrement sorti de ses gongs en voyant que sa sœur était préférée à des catins blanches. Tout en se levant avec vigueur, il avala les quelques marches qui descendaient vers le cœur du salon, décoré par de nombreuses petites fontaines.
Joackim le salua comme il l’avait précédemment fait avec le commerçant et présenta ceux qui étaient avec lui, omettant de souligner que Medhi faisait parti de la garde du Sultan Bel’Hissar. L’Emir, qui voulut qu’on l’appelle Majesté, somma alors un de ses gardes de faire préparer du concoctions et des gâteaux pour ses invités et indiqua à ces derniers un coin de la vaste pièce où se trouvaient d’immenses coussins. Tous s’y déplacèrent et s’y installèrent dès lors que leur hôte fut placé ; bien évidemment, Joackim prit le coussin contigu.

« Majesté, je suis honoré d’enfin faire votre rencontre. Il nous aura fallu bien des missives secrètes et bien des mois à patienter avant que cela ne puisse se faire mais désormais, plus rien n’a d’importance, nous voilà prêts à discuter. »

L’Emir porta avec attention son regard sur son interlocuteur et semblait visiblement gêné ; peut-être était-ce dû au fait qu’il s’attendait à voir un homme plus âgé, plus mature, alors qu’il avait en face de lui quelqu’un d’assurément plus jeune que lui. Cependant, il n’osa faire ombrage au discours introductif et se raisonna en supposant qu’il n’était pas le premier à se faire la réflexion. Alors que le thé chaud et les macarons étaient servis, il prit la peine de répondre.

« Sage, car tel est semble-t-il votre titre auprès de ceux qui vous entourent, je suis moi aussi honoré de vous recevoir. Votre nom restera à jamais gravé dans l’histoire de notre nation et je puis vous assurer que je suis heureux de pouvoir y contribuer. »

Quelques discussions portant sur l’épopée des fidèles novunistes agrémenta ainsi le goûter, l’Emir souvent impatient d’entre la suite, tandis que le Sage ne tarissait pas d’éloges à l’égard de Brahim et Klébr, considérés selon lui comme les réels instigateurs de la révolte en prenant directement part aux escarmouches. Très intéressé, Sa Majesté fit alors dériver le sujet jusqu’à l’alliance qui avait été esquissée avec le Sultanat d’Ormiane.

« Majesté, il semble évident qu’aujourd’hui l’Alaïenie est tiraillée par son histoire et qu’il faille montrer que l’esprit demonegasque existe réellement. Le Belondor aura beau envoyer toute son armée sur nous, jamais l’Empereur Nabenine Ier ne parviendra à conquérir notre nation et encore moins nos cœurs ; la religion sera un vecteur de notre réussite et j’espère que les luttes intestines qui nous empêchent de forger une union puissante seront balayées d’ici peu de temps. Le Rocque Abu Taymour s’est vu confronté à la dure réalité du conflit nous opposant aux garnisons félonnes et je crois qu’il se rend désormais compte que le novunisme n’est plus à définir selon que les acteurs sont, conservateurs, réformateurs ou extrémistes. Tout le monde s’accorde à dire que l’unité qui naît de ce conflit officieux montre que nous sommes capables de nous entendre, d’échafauder des plans et de les mettre à exécution, en dépit de la répression belondaure. »

Habité par son discours, Joackim convainquait sans mal son auditoire, y compris l’Emir. Ne craignant nullement la logorrhée, il poursuivait avec habilité, parlant des nombreuses guerres passées qui déchirèrent Demonaco, allant jusqu’à former un simulacre de pouvoir royal, tandis que les « seigneurs » se faisaient une guerre sans-merci, chacun cherchant à prendre un peu plus de terres à l’autres. Alors que la région avait réussi trouver un calme relatif, où les trêves duraient parfois plusieurs mois sans être subitement rompues, la guerre conduite par le Belondor conduisit à faire exploser toute la province. Il utilisa l’exemple que l’Emir connaissait le plus, celui de sa propre famille, qui combattait depuis plusieurs générations le Sultanat d’Ormiane, jusqu’à ce qu’un mariage soit organisé entre la fille de Sultan et lui-même. Ainsi, le vœu de pacifier la zone était réel et sincère et il ne fallait en aucun cas offrir à l’Empereur belondaure ce qu’il souhaitait plus que tout : un embrasement infernal jusqu’à l’épuisement complet conduisant ainsi ses hommes à devenir la seule armée véritable qui soit présente en Alaïenie.
Il poursuivit ensuite sur les bienfaits d’une alliance avec le Sultanat voisin :

« Le Sultan Bel’Hissar voit sa sœur mariée à vous, Majesté, il espère donc sincèrement que les enfants qui pourraient naître de votre union soient ceux de la paix, de l’union et du développement. L’Alliance viendrait à exacerber ceci en offrant à la Surgie et à Ormiane de quoi œuvrer conjointement ; aujourd’hui, notre convois comportant des dattes et de l’huile de palme a trouvé un acheteur sans que nous n’ayons eu besoin de vous solliciter, un commerçant à bien compris l’importance de trouver de la matière provenant de contrées voisines et l’avantage qu’il pourrait ainsi en tirer.
Vous pourriez sûrement me répondre que ces dattes auraient pu être vôtres si vous aviez décidé de combattre le Sultan il y a de ça quelques semaines, je souhaite vous rappeler que l’histoire de votre famille n’a pas été rendue illustre par ses guerres mais bien par sa foi pieuse mêlée à la science.

Je crois en toute honnêteté ne jamais avoir vu de terre plus respectueuse de la religion tout en cherchant à repousser les limites de l’ignorance au plus loin. Vos aïeux ont toujours su s’entourer de savants prêts à apporter leur concours pour faire avancer techniquement le pays, et je pense qu’il faudrait redorer cette tradition ancestrale. En traversant la grand’voie conduisant jusqu’aux abords du Palais, j’ai remarqué que les hautes tours, qui ont longtemps été le cœur de la recherche et du savoir n’étaient plus habitées, que les fenêtres étaient laissées béantes et offraient un abri aux quelques oiseaux qui se seraient égarés sur la voie de la migration.
Si vous réussissez à reformer un noyau de chercheurs, tournés vers la mise en place de nouvelles armes défensives, vers la création d’armement plus puissant, peut-être pourrions-nous faire changer les choses en montrant que notre peuple n’est pas barbare mais bien plus intelligent et malin que celui de nos assaillants. Entourez-vous d’hommes de lettre, de scientistes, de scientifiques et vous réussirez à marquer de votre emprunter l’histoire.

A côté de ça, le Sultanat se chargera de remettre une économie florissante sur pied, de façon à fournir aux chercheurs des fonds suffisants pour acheter du matériel qui viendrait à leur manquer, ainsi qu’à payer une partie de leur coût journalier si vous le souhaitez.

Gouvernez en dyarques, faites preuve d’honneur, de compassion et de foi et je ferai en sorte de repousser le Belondor par-delà la mer et la montagne. »

Son discours avait pris plus d’une demi-heure et lorsqu’il se tut, Joackim remarqua à quel point sa langue était pâteuse et sa gorge sèche. Se servant une tasse de thé et la buvant d’une traite, il fut amusé de voir que personne n’osait prendre la parole. Peut-être que l’Emir, tout comme ses amis étaient plongés dans leurs pensées et ne souhaitaient pas défier la parole du Guide.

Après de longues minutes chargées d’ondes positives, Sa Majesté Ibn’Orcum s’excusa et reporta au lendemain la suite de l’entretien, conviant ses invités à profiter de la beauté de la ville pour se ressourcer et visiter, les assurant que des chambres avaient été mises à leur disposition au sein du Palais.
Une page venait de se tourner, une nouvelle allait bientôt s’écrire.
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