Accepter l'inacceptable c'est se soumettre...

Dix-neuf heures trente, le Vicomte de Razard était arrivé au lieu de rendez-vous. Il descendit de sa voiture et renvoya son cocher lui donnant rendez-vous pour dans deux heures. Il entra dans l'immeuble, 13, rue du Four, déterminé... Il espérait que les socialistes - et républicains - seraient nombreux à répondre à son invitation.
Montant lentement les escaliers il rentra au salon, qui se trouvait au deuxième étage. Là, il vit à son grand plaisir que les invités étaient tous là... ou presque : Antonius Gainotus, Giovan Buonaparté. Il vit même avec plaisir que quelques libéraux qu'il avait aimablement invités étaient venus...
Après avoir discuté avec quelques personnes, mangé un petit four et but un verre de Saleça (le meilleur vin du Belondor), il prit la parole :

- Un peu d'attention je vous prie... Sieurs, Dames... si je vous ai réuni aujourd'hui c'est parce qu'il nous est impossible d'accepter l'inacceptable et que si nous le faisions nous nous trahirions et nous soumettrions au despotisme. Et nous ne pouvons l'accepter ! Aujourd'hui les partis politiques ne sont plus, ils sont dissous. Ce "coup d'Etat" supplémentaire de la part d'un régime auquel nous avons cru mais qui nous a déçu nous prouve que contrairement à ce que nous pensions l'Empire n'est peut-être pas capable de vivre avec la liberté.
En attendant nous devons agir... et j'attend donc vos propositions et suggestions.

Ségolaine Royel faisait partie des libéraux invités pour l'occasion par le chef socialiste. Il y avait là de nombreux républicains, et pas tous extrémistes contrairement à ce que voudraient faire croire le pouvoir... il y en avait qui étaient bien plus proches des conservateurs que des merksistes-luninistes ou des socialistes : seulement ils voulaient la République.
Ségolaine Royel, elle, restait pragmatique, l'Empire était bien trop fort pour tomber, c'était une évidence, et croire le contraire eut été naïf. Elle intervint alors à la suite du Vicomte...

- Vicomte... si vous me permettez... Je pense que le pays doit avoir cette liberté, nous devons nous montrer fidèles aux principes qui sont les nôtres. Et je pense qu'il nous faut réclamer cette démocratie. Comment, telle est la question... ce que je sais c'est que nos manifestations pacifiques mais spontanées - et partant illégales - n'ont rien donné...

Le Duc de Varsalance fut également présent dans cette réunion. Beaucoup se montrait surpris mais au fond, il n’avait jamais affiché sa vraie opinion politique qui fut bien d’autre que la majorité cru. Il avait sa probe vision de l’Empire, une autre vision qui se basait sur d’autres valeurs. De toute façon la situation ne pouvait plus durer et il avait marre de se voir offrir des cadeaux visant probablement à la corrompre. Il ne craignait personne, que pouvez faire l’Empereur ? Rien, tous ce qu’il pouvait l’enlever n’avait aucune valeur dans ses yeux, l’Empereur avait tout donné à son grand-père, il n’avait donc aujourd’hui que des poches vides à le proposer ou des postes de peu d’importance. Ah quel malheur, quel malheur pour un souverain quand le sujet ne voit en lui plus aucun profit possible.

- Mes Sirs, je ne prends pas aujourd’hui la parole dans ce lieu pour défendre l’indéfendable mais pour dévoiler ma vision des choses. Si je suis ici ce n’est point par trahison vu que je n’ai jamais dit d’être pour l’Empereur mais pour la Nation et comme vous je sens que la Nation est menacée par le danger de la corruption. Voila pourquoi je me dévoile à vous en espérons de trouver l’écoute qu’on me refuse autre part. Vous parlez bien, vous parlez de ce qu’on doit parler mais malheureusement vous n’avez pas encore eu le reflexe de passer à l’acte. Je vous dis ainsi que le seul salut pour réformer la Nation et échapper à la dictature est l’union, vous devez aujourd’hui libéraux, socialistes vous unir dans un seul mouvement, il est primordial d’isoler les nabelnistes au plan politique pour nous donner une chance de changer de cap. Pour ceci il est nécessaire de mettre la Diète sous contrôle en faisant une Union Sacrée avec tous les partis de gauche et aussi en invitant au PZM de joindre l’Union pour contrecarrer les nabelnistes. Vous dites impossible ? Commencer déjà par le faire avant de crier à l’impossibilité et cesser de vivre dans le défaitisme, unissez vous avec le PZM contre les Nabelnistes pour bloquer leurs projets de lois et faites en des lois digne du genre humain. Vous demandez par quoi commencer ? Je vous dis par la démocratie donc par l’élaboration d’un Code de Presse favorable au peuple et non à l’Empereur, par la création de lois assurant le minimum en matière et droits, par des réformes de la Constitution mettant fin aux pouvoirs disproportionné de l’Empereur. Bien sûr, il serait idiot de croire que l’instauration de la République est possible, au contraire, je pense même qu’elle serait plus nuisible que favorable au Belondor. Je pense sincèrement que la fin de l’Empire doit être un but mais pas pour en faire une république mais un royaume dirigé par un souverain élu par le peuple pour le peuple possédant uniquement un rôle d’arbitre et de médiateur entre les classes et idéologies qui composent notre nation. Le but doit être de mettre en place un vrai équilibre entre les trois pouvoirs et ceci sera que possible quand nous aurons vaincu ceux qui s’oppose à ceci et écarter l’Empereur du pouvoir.

Vous appelez à la démocratie, moi je vous dis comment l’instaurer.

Ségolaine Royel, avec son énergie et sa vivacité habituelle fut la plus prompte à répondre. Qu'allait-elle dire à, comme elle les appelait, un des "suppôts de l'Empereur" ? La tension était à son comble :

- Sieur de Varsalance... J'ai été... surprise de ce que vous nous disiez. A vrai dire je ne m'y attendais guère vous qui êtes tous les jours aux côtés de l'Empereur en son palais... Mais votre venue ici montre une chose : tous, nous sommes épuisés de sa tyrannie, de ce despotisme sans fin ni limites... et des guerres à répétition. Celles-ci vont recommencer, ce n'est qu'une question de temps ? Où ? Il y aura bien des révoltes à mater en Alaïenie ou en Ismarkie... une insurrection à étouffer dans l'ancienne Gélèbre... un nouveau pays à conquérir.
Votre idée d'union sacrée est donc plaisante, très plaisante... à ceci près que vous nous parler de PZM. Mais le PZM est mort, Sieur de Varsalance. C'est toute l'habileté de l'Empereur d'avoir mis fin aux partis politiques pour éviter toute constitution d'opposition organisée.
Ensuite, l'unité avec les conservateurs ? Pourquoi pas ? Mais quelle différence y-a-t-il entre un conservateur et un nabelniste ? Certes le premier est un impérialiste de convenance, un rallié... alors que le second est un fidèle, sincère... il n'en demeure pas moins que je ne vois personne d'importance prêt à s'allier avec nous les démocrates. Oui... une union des démocrates, libéraux et royalistes est possible.
Quant à votre idée de rétablissement de la monarchie... qui donc va la soutenir ? Les légitimistes ne pèsent rien... et puis ils sont pour la plupart contre-révolutionnaires. Sommes-nous réellement compatibles avec eux ?

Elle s'arrêta puis sourit :

- En attendant je suis heureuse de vous compter parmi nos rangs... mais si vous êtes prêt à trahir l'Empereur, pourquoi continuez-vous donc à le servir ?

Le Duc écouta l'intervention de Madame Royel et sans hésitation il lui répondit de la manière qu'il avait prévu depuis tellement de temps.

- Vous dites donc que les partis sont morts? Mais quelle erreur car bien au contraire ils sont aujourd'hui plus vivants que jamais. Ce n'est pas en interdisant que quelque chose cesse d'exister, au contraire, souvent c'est dans l'illégalité qu'ils gagnent un nouveau élan et de ceci je suis convaincu. Je propose donc l'union de tous les partis de la Diète contre les nabelnistes.

-Concernant la diffèrence entre un conservateur et un nabelniste elle est majeure car les conservateurs prônent de conserver le bon et de réformer le mauvais pour le bien du peuple. les nabelnistes eux prônent les réformes pas pour le peuple mais pour un seul homme qui se montre aujourd'hui comme un tyrann. Vous me choquez en prétendant que les nabelnistes sont fidèles et sincères car ils sont tout sauf ceci. Un nabelniste ne connait nul foi, nul loi naturelle car il réconnait seul l'Empereur comme son idéal. Un nabelniste est un fanatique, un homme agissant par nature contre la démocratie et le peuple car il adore un simple humain comm un dieu et n'aime pas le peuple. Les nabelnistes n'ont pas d'idéologie car ils vivent pas comme un mouvement politique mais une religion dont le centre d'adoration est l'Empereur. Cette religion est nuisible car elle prône la dictature comme le salut en oubliant que cette dictature qu'ils nomment bénéfique deviendra plus tôt ou plus tard un poison mortel. Je dis ainsi que les seuls qui sont capables d'assurer un empire durable et juste sont les conservateurs, libéraux et socialsites réunit dans un seul projet.

-Vous déformer mes propos, je n'ai jamais dis de restaurer l'ancienne monarchie car elle est tombée et n'est plus apte à être une solution durable. Je suis en faveur de la création d'une nouvelle monarchie, une monarchie parlementaire avec comme tête un roi élu par le peuple pour le peuple. Les familles royales et impériales des temps anciens et présents n'ont pas de place dans ma vision du futur, le temps est de rendre le pouvoir au peuple et de créer quelque chose de nouveau et sain.

-Concernant l'Empereur, je ne le trahit pas vu que je suis fidèle qu'à la Nation et pas à un homme se prennant pour une divinité. Cet homme est aujourd'hui devenu l'ennemi de la Nation, nation que j'aime profondement et donc ma position ne peut pas être plus clair sur le sujet. Sinon, je ne le sert point car c'est lui qui me sert en me donnant le pouvoir de le nuire.

Antonius qui était arrivé en retard avait entendu les propos du sieur de Varsalance alors il se leva et dit:
-Eh bien cher amis republicain je suis tout a fait d'accord avec ce que dit le sieur de Varsalance nous pouvons tous l'applaudire pour cet idée de tous nous unir

Ségolaine Royel, réfléchit quelques secondes. Les arguments avancés par le Duc de Varsalance paraissaient crédibles et somme toute justifiés mais un point l'ennuyait tout de même. Elle ne croyait absolument pas que les conservateurs puissent lâcher l'Empereur. Ne s'étaient-ils pas rallié à lui lors du rétablissement de l'Empire ?
Hormis, cela ce qui l'inquiétait le plus était l'onction populaire donnée au futur monarque, qui pourrait s'avérer dangereuse...

- Ce que vous avez avancé me paraît juste Sieur le Duc... mais il n'en demeure point tout de même une faille. Les conservateurs ne semblent pas près que ce soit maintenant ou dans un futur proche à délaisser l'Empereur, ou même à lui réclamer un régime libéral, voire parlementaire...
Mais ce qui m'inquiète le plus dans vos propos, c'est l'ambition de faire du Roi un élu du Peuple. C'est quelque chose de bien trop dangereux... n'oublions pas ce que l'Empereur a pu faire du suffrage universel. Il l'a utilisé pour bien mieux justifier sa tyrannie. C'est ce pourquoi je préfèrerai voir ce Roi, élu des représentants du Peuple, il ne pourra ainsi se prévaloir d'une légitimité qui surpassera celle du Parlement...
En attendant pour ma part, je ne suis ni républicaine, ni royaliste, ni impérialiste... je souhaite un régime libéral, et je donnerai ma bénédiction au premier qui me l'offrira.

Puis, se tournant sèchement vers le Sieur Gainotus :

- Sieur Gainotus, n'avez-vous pas saisi que nous ne sommes tous des républicains ici ? Et que pour une grande majorité même nous ne souhaitons pas la République ? Celle-ci n'est qu'une chimère pour l'instant... et la vouloir relève plus du rêve que de la lucidité.

"Je sais tres bien que nous sommes tous republicains mais nous n'avons pas tous les memes idées et tant mieux et je trouve que l'idée de nous unir contre la tyrannie quelque soit nos idées est une tres bonne solution.Et je sais que la Republique est un reve pour le moment mais nous voulons tous un regime democratique et pour cela il faut nous unir"

Le Vicomte de Razard avait écouté ce débat avec attention et d'un air intéressé et parfois amusé. Le Duc de Varsalance, sans avoir l'élégance d'un prince, celle qui siérait à sa condition, avait su trouver les mots justes pour toucher les points sensibles de chacun des participants à cette petite réunion... Il était quelque peu content que tout ceci se soit passé comme prévu, comme il l'entendait surtout. Les débats fusaient et celui entre Ségolaine Royel, le Duc de Varsalance et Antonius Gainotus semblait le plus captivant pour les auditeurs...

- Sieurs et Dames... je suis on ne peut plus heureux d'entendre de tels propos de la bouche du Duc de Varsalance, et si je ne doute point que des obstacles se dresse sur la bonne marche de notre plan, je n'en suis pas moins certains que les bonnes volontés présentes ici nous aideront à mettre au point notre plan.
En attendant d'être fixés sur la forme du gouvernement que nous voulons substituer au régime actuel, il convient avant tout de s'unir et toutes les bonnes volontés sont les bienvenues Sieur de Varsalance.
Cette entrevue doit rester secrète, c'est la bonne garantie de son exécution, je sais que nous avons pu échapper à la Police Impériale ainsi qu'au Bureau Impérial... et le fait que le Duc soit tous les jours auprès de l'Empereur nous donne un avantage. Il ne se méfie pas de lui...
Maintenant, il nous faut prendre ligne avec les conservateurs et quelqu'un d'assez habile et persuasif pour les aider... à faire le bon choix. Vous êtes tout désigné pour la fonction, Sieur le Duc.

L'ensemble des regards se porta sur le Duc de Varsalance.