L'Empire du Belondor
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L'Empire du Belondor

Micronation s'inspirant du Premier et du Second Empire français ainsi que de la Rome antique.
 
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 Un reveil plein de surprises

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Le Peuple du Belondor

Le Peuple du Belondor


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MessageSujet: Un reveil plein de surprises   Un reveil plein de surprises EmptyJeu 4 Oct - 1:10

Un matin, au sortir d'un rêve agité, Nabelnine Ier s'éveilla transformé dans son lit en une formidable vermine. Il était couché sur le dos, un dos dur comme une cuirasse, et, en levant un peu la tête, il s'aperçut qu'il avait un ventre brun en forme de voûte divisé par des nervures arquées. La couverture à peine retenue par le sommet de cet édifice était près de tomber complètement, et les pattes de Grégoire, pitoyablement minces pour son gros corps, papillotaient devant ses yeux.
« Que m'est-il arrivé » pensa-t-il. Ce n'était pourtant pas un rêve : Sa chambre, une vraie chambre d'empereur quoique un peu petite à vrai dire pour le souverain d’une si grande et glorieuse nation, se tenait bien sage entre ses quatre murs habituels. Au-dessus de la table où s'étalait sa collection de portraits de chefs d’état dédicacés, on pouvait toujours voir la gravure qu'il avait découpée récemment dans un magazine et entourée d'un joli cadre doré. Cette image représentait une dame assise bien droit, avec une toque et un tour de cou en fourrure; elle offrait aux regards des amateurs un lourd manchon dans lequel son bras s'engouffrait jusqu'au coude.
Nabelnine regarda par la fenêtre; on entendait des gouttes de pluie sur le zinc; ce temps brouillé le rendit tout mélancolique : « Si je me rendormais encore un peu pour oublier toutes ces bêtises, ce coup d’état ridicule », pensa-t-il; mais c'était absolument impossible; il avait l'habitude de dormir sur le côté droit et ne pouvait arriver dans sa situation présente a adopter la position voulue. Il avait beau essayé de se jeter violemment sur le flanc, il revenait toujours sur le dos avec un petit mouvement de balançoire. Il essaya bien cent fois en fermant les yeux, pour ne pas voir les vibrations de ses jambes, et n'abandonna la partie qu'en ressentant au côté une douleur sourde qu'il n'avait jamais éprouvée.
« Quel métier, pensa-t-il, quel métier ai-je été choisir ! Toujours à se pavaner, à comploter, à intriguer pour avoir toujours plus de pouvoir que je n’en ai déjà…et ce, au frais du contribuable ! Des ennuis pires qu’au temps de mes aïeux ! Et par-dessus le marché, cette plaie des doléances, recevoir tous ces lèches-culs venant sans cesse me demander des faveurs : accorder un titre par-ci, un titre par-là…Et surtout, ces bals ! Ces bals ! Nabelnine commençait à les avoir en horreur…. Tous ces gens…des gens qu'on ne reverra jamais, avec lesquels il n'y a pas moyen d'être camarades ! Que le diable emporte cette fonction d’empereur ! » Il sentit une petite démangeaison en haut du ventre, s'approcha un peu plus du bois de lit - en se traînant lentement sur le dos - pour pouvoir mieux lever la tête, et aperçut à l'endroit qui se démangeait toute une série de petits points blancs auxquels il ne comprit rien; il essaya de tâter l'endroit avec une de ses pattes, mais il dut la retirer bien vite, car ce contact lui donnait des frissons glacés.
Il reprit sa position primitive. Il n'y a rien d'aussi abrutissant, pensa-t-il, que de se lever toujours si tôt, pour travailler plus afin de gagner plus. L'homme a besoin de son sommeil.
Et dire qu'il y a des souverains qui vivent comme des femmes de harem ! Quand je visite des souverains, en voyage officiel, j’en trouve certains qui n'en sont encore qu'à leur petit déjeuner. Je voudrais voir ce que dirait le bon peuple si j'essayais chose pareille; je devrai certainement immédiatement abdiquer ! Qui sait d'ailleurs si ce ne serait pas une bonne affaire ! Si je ne me retenais à cause de l’impératrice, il y a longtemps que j'aurais tout envoyé promener-quand je pense que l’idée du coup d’état vient d’elle…Je serais allé trouver le peuple et je ne lui aurais pas mâché les choses. Je lui aurai expliqué que cela n’était plus possible, que le pouvoir absolu corrompt, et qu’il était inadmissible de voir les libertés fondamentales suspendues….Il en serait tombé sur les fesses. Voilà encore une drôle de manière : s’adresser au peuple en le prenant de haut, et surtout, en le prenant régulièrement pour un imbécile ! Enfin, tout espoir n'est pas perdu; une fois que mon fils sera en âge de règner – ce qui pourrait bien se produire dans 15 à 20 ans - je ferai certainement la chose. Et alors, je tourne la page. En attendant, il faut me lever pour recevoir tous ces profiteurs. »
Après un violent effort, Nalbenine arriva finalement à s’extirper de sa couche dorée, roulant littéralement sur le sol. Interloqué par cette grotesque position qui était la sienne, il se mit à ramper laborieusement vers le lavabo pour se rafraîchir, à l’instar des profiteurs qu’il fustigeait peu avant. Mais alors que sa patte tournait le bouton de l’évier son regard a croisé les milles yeux de son reflet, et la peur panique qui le prit à cet instant le fit tomber à la renverse en un hurlement de terreur. En quelques instants, Nalbenine fut englouti par le torrent qui coulait de l’évier… pour se réveiller, trempé de sueurs froides, dans ses draps. Quelle ne fut pas sa joie en redécouvrant, ce matin-là, son visage poupin d’Empereur crétin dans le miroir !
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