Réunit en situation de crise, le Gouvernement était dans l’ensemble resté fidèle à la décision de leur collègue mais le Consul des Affaires Extérieurs avait décidé de son plein gré qu’une adresse à la nation serait judicieuse en ses temps de crise.
On le vit arriver dans l’immense Salon Saint Sevan, bourré à craquer de journalistes ou autres intéressés, et, imposant aussi bien en longueur qu’en largeur, il s’installa derrière un pupitre en bois magnifique.
De sa voix basse et impressionnante, il entama sans attendre :
-« Citoyens et citoyennes,
Je m’adresse à vous, ce soir, pour expliquer au pays ma décision qui fut de réquisitionner certains locaux de FrançoisGroupe ainsi que celle de fermer provisoirement les frontières de l’Ardanie.
Je commencerais tout d’abord avec ce dernier point.
Il y a quelques jours, les troupes de l’Empire ont mené un raid contre les dernières forces Merksites–Luninistes situées en Ardanie et ont réussi à les vaincre sans trop de difficultés notoires. Nous avons miraculeusement capturé en vie Guillaume Bartobi et René Cradet, le commandant suprême de la rébellion ainsi que son bras droit, et le feront passer au tribunal militaire dès que possible. Je tiens d'ailleurs à remercier nos soldats qui se sont formidablement battues, avec courage et passion pour la patrie »
Quelques applaudissements fusèrent dans la salle, ses deux hommes avaient créés tant de misères que leur incarcération ne pouvait être qu’un soulagement pour l’ensemble de la population.
« Cette dernière victoire contre l’extrémisme et tous ses méfaits a signée la fin définitive des combats dans cette région et, comme prévu, les militaires ont abandonnés leur situation de combattant pour dorénavant remplir la fonction de forces de sécurité et de stabilité auprès des Ardaniens.
Ainsi, et après consultation de leurs représentants qui ont donné leur accord, j’ai décidé de créer un périmètre de sûreté qui suivrait le contour de l’île.
Sa fonction première est d’empêcher l’intrusion de tout groupe supplémentaire de pilleurs ou de caïds de la contrebande qui peuvent grandement bénéficier de ce climat tout juste apaisé pour mener dans l’île une politique de terreur et de racket.
Nous avons en effet anéanti la menace ultragauchiste de l’île, mais des groupes se saccageurs y sont déjà profondément encré et il nous faudra courage et détermination pour tous les emmener face à la Justice pour que aucun lien ne soit entretenu entre leurs bases sur la province et leurs liens sur le continent.
Monsieur Tardachie, représentant élut de la communauté Ardanienne, est présent ce soir à mes cotés pour éventuellement répondre à vos questions et pourra vous confirmer que ce cordon sécuritaire a été fait avec le consentement du peuple et que celui-ci l’a d’ailleurs réclamé plus d’une fois.
Et point d’inquiétude, les frontières seront rouvertes dès que l’Etat-major le jugera nécessaire.
Voilà pour le premier point. »
Il y eu un léger brouhaha et, même si la salle semblait majoritairement convaincu, il restait certains sceptiques.
Puis le silence revint et son excellence poursuivit :
« Le décision de s’emparer de la filiale Construction de FrançoisGroupe s’est faite dans l’intérêt de la Nation et des Citoyens.
Depuis presque un an, c'est-à-dire la fin de la Guerre Officielle en Ardanie, le Gouvernorat de l’Ardanie s’est efforcé de demander l’aide de plusieurs groupes pour aider au réaménagement du territoire Ardannien mais l’unique réponse que nous reçûmes fut celle du consortium susnommé qui, discutant finance pendant que des centaines d’hommes et de femmes mourraient de faim chaque jour, demandait d’énormes compensations à l’Etat pour que son personnel vienne travailler sur ce territoire. La méthode de versement universelle qu’est celle d’offrir des avances sur paiement, c'est-à-dire des arrhes, ne convenait pas au président du groupe qui voulait entamer un système compliqué, lent, et confus de rémunération.
Mesdames et messieurs, j’en appel à votre bon sens et à votre humanité.
Comment peut-on, dans la société moderne qu’est la notre, jouer sur les vies de 50 millions de nos compatriotes simplement pour remplir la satisfaction de certains financiers déjà richissimes ? Comment négliger et laisser dépérir toute une province de notre Empire en évoquant les dissidences finnanciéro-éconnomiques ?
Dans un pays comme le Belondor, je trouve honteux et détestable de refuser de l’aide à une population en détresse ; je trouve scandaleux de s’élever contre un gouvernement qui ne fait qu’agir pour le bien de ses gens. »
Il y eu un long et pesant silence, les témoins n’en revenaient pas ; ils avaient enfin découvert la vraie facette de certains millionnaires.
Un groupe de femme, écoeuré, sortit de la salle.
Visiblement émut, Monsieur Nerym haussa le ton et martela :
« Alors, je vous le dis. Plus aucun enfant ne mourra en Ardanie car il ne peut plus avoir accès aux soins et à une nourriture décente, plus aucun Belondaure ne décédera sous le couteau de pilleurs sur cette province récemment pacifiée. Assez de souffrances, assez de larmes, assez de cris.
Nous sommes un grand pays et, je l’affirme avec la plus grande franchise, plus aucune multinationale ne pourra refuser de travailler à la reconstruction de la Nation si celle-ci sort d’une guerre, d’une immense pandémie ou d’une catastrophe sans précédents.
Citoyens et citoyennes, merci de votre attention. »
Il y eu des applaudissements et les premières questions fusèrent :
-« Monsieur le Consul, quel sera le traitement pour les ouvriers réquisitionnés de FrançoisGroupe ? »
-« Ils recevront un salaire proportionnel au travail accomplit en plus d’une prime pour les dédommager. Eux et leurs familles seront décemment logés en Ardanie, et ce jusqu’à ce que les bases de l’île soient reconstruites. Nous voulons remettre en priorité l’eau courante, l’électricité, ainsi que le gaz. Viendra ensuite la réparation des bâtiments administratifs et vitaux comme les routes, les services postaux, les hôpitaux, et les mairies. Après quoi, nous renverrons les travailleurs chez eux avec un nouveau bonus et engageront des volontaires. »
-« Bonsoir, Gérard Shredait, du Regard d’Occident. Certains affirment que vous avez mis Monsieur Tarsion aux arrèts. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ? »
-« Mais très certainement. Monsieur Tarsion a effectivement été arrêté au sein du QG de l’ Empire Corporation car il a intenté une rébellion contre l’Etat-Major et s’est approprié des pouvoirs qu’il ne possédait point. Il a de même procédé à mon enlèvement mais a lamentablement échoué. J’ai ordonné sa libération puisqu’il est aussi Juge à la Cour Impériale de Justice mais croyez bien qu’il est entièrement relevé de son grade et de ses fonctions militaires.
L’Armée ne l’a pas suivi et est bien entendu restée fidèle à Sa Majesté l’Empereur. »
-« Bonsoir, Sylvia Kanari, du Monarque Rayonnant.
Certaines mauvaises bouches affirment que vous avez agit de façon anticonstitutionnelle et contre les lois du Belondor. Qu’avez-vous à dire à ce sujet ? »
-« Ce ne sont que des diffamations entretenus par les opposants aux manières fortes et à la franchise. Je connais bien nos lois et je n’aurai jamais agit contre la Charte. Si quelqu’un n’est pas d’accord, qu’il montre l’alinéa prohibant mes précédentes actions. »
-« Toujours Sylvia Kanara, pensez-vous que le dialogue soit toujours possible avec FrançoisGroupe et que trouver une alternative reste une probabilité ? »
-« Absolument, je suis tout ouvert pour un dialogue avec le Conseil d’Administration de ladite Corporation et, qui sait, peut-être trouverons-nous un terrain d’entente maintenant que le gouvernement a exprimé son opinion ainsi que ses attentions.
D’ailleurs, a simple titre d’information, j’ai reçut ce matin les syndicats des ouvriers concernés et ils se prononcent en faveur de la continuité du chantier si nous respectons nos engagements, tels ceux cités tout à l’heure.
D’autres questions ? »